Quand deux monstres sacrés du cinéma Américain se donne au plus profond d'eux, cela apparaît tel une œuvre intemporelle du septième art. Avec "La Prisonnière du Désert", John Ford réalise un film d'une puissance infinie.
Sur fond de vengeance, ce western unique et dense emmène au plus profond des dunes de sable, des canyons, des falaises surplombant le sol asséché par un soleil flamboyant ou bien en pleine tempête de neige. John Ford, comme à son habitude montre les paysages avec une beauté brute, et y plonge ses acteurs dedans, mais le VistaVision, la capacité du cinéaste à jouer avec la lumière ainsi que la perfection de son cadre font que ses images atteignent le sublime.
Vieux de soixante ans, c'est dans ses décors que tu y suis une pourchasse intense, portée par une grâce éclatante retranscrite sur plusieurs années, montrant ainsi l'acharnement d'un homme solitaire, d'un loup traquant sa proie sans cesse. Et si, souvent les indiens étaient comme boucs émissaires, pointés du doigt, et utilisés comme "méchants", John Ford ne prends aucun parti pris en faisant de Scar l'alter ego d'Ethan ainsi qu'en y montrant certains indiens plus pacifiques, avec qui il échange.
Finalement, plus que les indiens, se sont les femmes qui n'y ont pas leur place, souvent placées pour seconder les hommes, d'être seulement là pour s'en occuper ... Mais ce parallèle est très intéressant quand tu vois cette quête t'amenant jusqu'à la très belle Nathalie Wood : révélation du film bien qu'encore jeune à l'époque, c'est surtout Vera Miles qui tient le rôle féminin le plus important.
Loin des westerns spaghetti, John Ford n'y oublie pas de mettre une petite pointe d'humour tout de même, tu souris oui, mais tu es surtout touché par cette histoire, qui se conclue de la plus belle des façon : la porte se referme : Ethan repart, seul, dans son désert, comme si aucune gloire ne devait être pour avoir verser du sang. Magnifique.