Personnage à l'ambiguïté bien écrite, dépouillé de tout cliché, lequel est parcouru de lignes de failles complexes, jamais totalement cohérentes. Pas foncièrement facho (aucune aversion face à l'homosexualité, ni fascination pour un ordre moral), ni victime d'une éducation sexuelle inhibante semble-t'il (la mère s'étonne la première de son célibat, le père en rigole également), ni véritablement misogyne (exprime sincèrement ses sentiments pour Sophie), ni haine incarnée (affection pour son jeune frère, émotion exacerbée devant le spectacle de la vie animale...). C'est affreux, mais on en viendrait presque à occulter la réalité des meurtres dont on est témoins, tant le personnage est dans le désarroi. Non pas irresponsable - il est tout à fait conscient (s'inflige des châtiments, on songe à un usage détourné des tephillins pour l'un d'eux, dont on pourrait sonder la signification déviante ), qu'il porte l'uniforme ou non, et ne présente les symptômes typique de la schizophrénie véritable - , mais impuissant, verrouillé dans sa quête de pureté, son dégout du trivial, son sentiment humilié d'être un moins que rien, inutile au monde. Un rapport morbide au vivant, angoissé par la réalité palpitante de la vie, qui lui donne la nausée (germes dans la moustache, asticots, mouche s'invitant sur le corps nu de Sophie après relation sexuelle, cheveux dans un lavabo, sans compter le sang de ses victimes, semble-t'il). Image frappante de cette biche bréhaigne, vouée au sacrifice en cas d'attaque de la harde mais occupant une position "prestigieuse" en avant-poste, rôle social faisant probablement écho au sentiment d'exclusion absolue du personnage, qui le mortifie. Obsession de la pureté dévitalisée. Flippant parce que présentée de manière humaine et non monstrueuse, ou grotesque.