L’affaire Lamare est passionnante. « Gendarme tueur », rien que ces deux mots suffisent à fasciner d’emblée tout amateur de fait divers et autre passionné d’enquête. Pourtant, cette adaptation du livre « Un assassin au-dessus de tout soupçon » peine à retranscrire toute la richesse de la tragédie du « tueur de l’Oise ».
Avec le parti pris d’une mise en scène sobre et froide, dont le but est de plonger le spectateur dans la psyché malade du tueur, Cédric Anger prend tous les risques. Soit l’interprétation et la mise en scène nous emmènent dans un périple au summum du malaise, soit l’on termine frustré d’avoir manqué pléthore d’éléments essentiels de l’affaire (la gué guerre entre policiers et gendarmes qui plombe l’avancée du dossier, la confiance et l’amitié au sein de l’équipe de Lamare qui rend si dure l’apparition de la vérité, la psychose ambiante dans l’Oise au gré des corps de jeunes femmes retrouvés et autres voitures piégées…). Même avec un Guillaume Canet magistral (quoique trop âgé pour le rôle) et quelques scènes très efficaces (la première victime en début de film, la course poursuite avec la gendarmerie), la balance penche franchement du mauvais côté, et l’on ressort frustré.
Une interprétation sans faille, donc, qui a bien mérité son Cesar, mais une mise en scène trop classique et un rythme trop plat pour vraiment réussir son effet de malaise. Un film qui aurait peut-être dû être développé sur un temps plus long, voire adapté en mini-série, à l’instar du récent « Sambre », faute d’une réalisation plus inspirée pour aborder la tâche délicate de suivre à 100% la vision du tueur.