Le film propose sa version inspirée du fait divers d’Alain Lamare, gendarme devenu tristement célèbre comme le « tueur de l’Oise ». Guillaume Canet incarne Franck Neuhart, un gendarme isolé, frustré, et en décalage avec son entourage. Rongé par des pulsions violentes, il vole des voitures, tue des innocents, et participe aux enquêtes sur ses propres crimes, jouant un jeu pervers avec ses collègues tout en laissant des indices derrière lui, comme pour être démasqué.
Cédric Anger adopte une mise en scène sobre, sans chercher à romancer l’histoire ou à transformer son sujet en thriller palpitant. Cette approche réaliste révèle vite ses limites : l’affaire Lamare n’est pas très riche narrativement, et le film peine à étoffer son récit ou à capter l’attention sur la durée.
Guillaume Canet est cependant très investi dans son rôle. Avec un regard dur et froid, il incarne un homme rigide, incapable de composer avec la moindre faiblesse ou frustration. Mais derrière cette façade d’intransigeance, il dévoile une grande vulnérabilité dans les moments où il cède à ses pulsions, comme s’il était pris au piège de sa propre psyché. Cette dualité sauve quelque peu un film distant et austère, sans arriver à transmettre une véritable empathie, même pour les personnages secondaires.
Le film s’enferme dans un réalisme qui finit par poser question : était-ce le bon format pour raconter cette histoire ? En refusant de susciter une fascination pour le criminel, son réalisateur réussit à maintenir une certaine neutralité morale, mais cette approche aseptisée réduit aussi la pertinence du film en tant que fiction. On se surprend à se demander si un documentaire n’aurait pas été plus efficace pour traiter ce sujet avec la même rigueur.
La prochaine fois je viserai le cœur est un film honnête et bien interprété, dont on ressort intrigué mais peu marqué par l’œuvre elle-même.