Dans le Sunshine State, un flic s'est donné pour mission, quasi existentielle, de retrouver un tueur de jeunes prostituées. Il croise la route d'une agente du FBI bien décidée elle aussi à arrêter le serial-killer.
Passons sur les raisons qui font que ces enquêteurs se rencontrent fortuitement (le dossier semble pourtant conséquent : profil des victimes, profil de l'assassin, mode opératoire...).
Midnight in the Switchgrass, c'est d'abord une tromperie sur la marchandise : Bruce Willis squatte l'affiche alors qu'il ne doit pas être présent plus de cinq minutes ; et c'est tant mieux.
You know, nobody's ever stood up for those girls.
Le policier local est incarné par Emile Hirsch, si peu habité par son personnage qu'il passe son temps à froncer les sourcils pour se donner l'air grave de circonstance, en devient presque comique, ressemblant à un Jack Black taquin jouant les justiciers tourmentés au pays du pamplemousse.
L'agente du FBI, c'est la pauvre Megan Fox (et son minois d'extra-terrestre), peu crédible elle aussi et inutilement vulgaire quand elle ouvre le bec.
Tous deux sont censés servir un scénario sensible mettant l'accent sur la souffrance en ce bas-monde, le déterminisme familial, les souffrances individuelles, le cycle infernal de la violence...
On sent bien une envie, une possibilité de discours, un début d'atmosphère, mais les moyens développés par Randall Emmett ne sont malheureusement pas à la hauteur de ses ambitions.
D'abord un jeu d'acteurs médiocre, donc, mais également une intrigue faiblarde, une tension mal gérée, des longueurs et des dialogues pesants.
Il s'agit pour le spectateur de bien capter que le tueur adore sa fille tout comme le flic la sienne (les deux désertant toutefois le logis, l'un pour chasser, l'autre pour traquer le chasseur).
Nous voilà donc sous un typhon de « … my baby girl »... « I Love you baby » … « Good night daddy » … « Love you baby » ... « I love you too » ... « Good night baby » ... « Hi, baby » ... « Baby, are you coming home ? » ... « Baby, baby. Hey. I promise, okay? » ... « Oh, hey, honey » ... « Hey there, buttercup. » … « I appreciate that, honey. » … « I love you so much » ... « I love you too, daddy » ...
La mise en scène ne rattrape pas ces manques, bien au contraire : gros plans hasardeux, flash-back cursifs maladroits, prises de vue aériennes inutiles, moments d'action pathétiques.
Et l'abus du violoncelle lugubre ne fait que rajouter à la pénible impression de visionner le travail de quelqu'un qui fait ce qu'il peut mais peut peu.
Cerise écarlate sur le doux supplice : à deux reprises – c'est déjà beaucoup trop – la guitare mielleuse de Mark Knopfler..........................................................