Dans une ville belge grise et sinistre, l'adolescent Igor est au service de son père, un type répugnant qui loge et exploite des immigrés, les rançonne et les dénonce parfois. L'avenir social et moral d'Igor semble presque tout tracé. A moins qu'une promesse qu'il a faite à un moribond ne le détourne de son père nocif.
Le décor est sordide et les rapports humains ne sont ici qu'une affaire d'argent. Tout se monnaie et Igor l'a vite compris. Au cours du film, l'adolescent aura en quelque sorte à choisir entre le vice et la vertu, entre sa crapule de père (Olivier Gourmet, excellent) et cette femme courageuse qu'il s'est engagé à aider.
Les portraits d'Igor et de son père sont très justes. Celui du premier est somme toute assez commun; il est celui d'un enfant trop vite grandi dans un milieu qu'on devine fruste. Le portrait du second est plus singulier, plus "spectaculaire" par son indignité crasse, sans qu'il trahisse pour autant -car ce Roger la honte n'en est pas moins humain- la peinture naturaliste des frères Dardenne. Ces derniers explorent habilement les rapports entre Igor et Roger, la prise de conscience morale de l'adolescent sur fond de sous-prolétariat et de misère humaine, celle des victimes comme celle des bourreaux