J'ai vécu.
Adaptation de l’un des plus grands romans de la littérature française de la seconde moitié du siècle dernier, La promesse de l’aube d’Eric Barbier est un beau défi pour ce qui est de rendre hommage à...
le 20 déc. 2017
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L'adaptation du célèbre et excellent roman – français - "La promesse de l'Aube" de Roman Gary est-elle possible au cinéma ?
Il y a eu une première adaptation que je ne connais pas par Jules Dassin (que, lui, je connais). Là, c'est Eric Barbier que je ne connais pas du tout qui se lance dans cette aventure en 2017.
En réaction à chaud, le film est très fidèle au livre.
Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Nina, la Mère possessive et extravagante ? Oui mais il nous faut une mère qui n'est pas possessive pour garder pour soi mais pour propulser son fils vers la gloire, vers le "haut du panier", vers le destin grandiose. Ça exige de dépenser une énergie considérable pour écarter les montagnes, aligner les astres, supprimer les embûches même à distance.
Or les rôles que je connais (et que je trouve régulièrement excellents) tenus par Charlotte Gainsbourg ne me semblent pas prédisposer l'actrice à ce rôle … Je pense au rôle de Jane Eyre (de Zefirelli) par exemple. Même si elle y fait preuve de ténacité, mine de rien. Et pourtant là, dans le film de Barbier, on retrouve une Charlotte Gainsbourg métamorphosée, impliquée à fond dans le rôle. Survoltée, elle qu'on voit plutôt lymphatique. Et sans vouloir m'avancer, je dirais presque que la mère dans le livre de Romain Gary pourrait paraître encore plus excentrique. Il n'y a donc rien d'outré dans le jeu de Charlotte Gainsbourg. Elle est juste convaincante dans ce rôle de petite bonne femme têtue, prête à ferrailler pour un détail, pour un mot, sûre de sa bonne étoile, toujours à calculer un plan B si A foire et un plan C si B foire.
Signalons le travail remarquable des maquilleurs pour vieillir progressivement Charlotte Gainsbourg qu'on finit même par ne reconnaître qu'avec sa petite moue boudeuse caractéristique. Bluffante Charlotte Gainsbourg !
Pierre Niney dans le rôle de Romain Gary ? Il est bien l'homme de la situation capable d'endosser ce rôle compliqué. Oui, il faut qu'il se montre l'éternel enfant (fragile, "obéissant" et désireux de bien faire) en présence de la mère qui le subjugue, domine, avale tout cru et devant tout le monde. Ah, la scène, inoubliable dans le livre et parfaite dans le film, devant l'escadron de l'Armée de l'Air. Mais il faut aussi qu'il montre qu'il est capable de prendre son destin en main quand elle n'est pas là. Et là, on assiste à l'envol parfois pataud de l'enfant. Remarquable Pierre Niney !
Aventurier et baroudeur, oui mais pour faire plaisir à sa mère. Ou, de manière plus compliquée, pour obéir à sa mère à distance car il "sait" que c'est pour son bien. Et là, il m'a semblé excellent le gaillard Niney à jouer finement dans la nuance ce que veut exprimer Romain Gary.
Ah oui, un point hyper important. La vedette dans le film, c'est Charlotte Gainsbourg et non Pierre Niney. Et ça, c'est bien l'esprit du roman. Romain Gary (doit) s'efface (r) devant sa mère. C'est l'ultime hommage du fils. C'est l'ultime aveu sur les promesses faites à l'aube entre celles de l'amour maternel absolu et inconditionnel et celles des attentes de la mère.
Mais, "le cordon ombilical avait continué à fonctionner"
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Créée
le 5 janv. 2024
Modifiée
le 5 janv. 2024
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