Ken Russell, auteur baroque et provocateur, montre avec ce film que les interdits ne l'effraient nullement. Il l'avait déjà prouvé avec des chefs-d'œuvre méphistophéliques tels que les Diables (1971), Gothic (1986) ou même Altered States (1980). La Putain, tiré d'une pièce de théâtre, ne lésinera pas non plus sur les moyens pour choquer et réveiller quelque peu ses spectateurs.
Liz, une prostituée de Los Angeles, tente d'échapper à son maquereau sans scrupule et aux méthodes violentes. Par le passé, elle a vécu de multiples expériences douloureuses avant de se prostituer.
Le ton est ici proche du documentaire. L'héroïne s'adresse fréquemment au spectateur et nous raconte sa vie, ses aventures, et surtout ses mésaventures, liées au monde de la prostitution. Les mots sont crus, les situations sont loin d'être glamour et la violence est âpre et réaliste (certains clients et surtout le souteneur, encore une fois, ne sont pas de tout repos), mais le tout sans jamais sombrer le moins du monde dans le voyeurisme ou la provocation gratuite. Ken Russell a fait ce film en réponse à Pretty Woman, sorti à la même époque. La Putain en est effectivement une des meilleures antithèses !
(critique parue sur le site du mensuel liégeois "Le Poiscaille", décembre 2011; voir www.lepoiscaille.be)
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