De la dense forêt de béton d’une ville côtière aux interminables étendues desséchées du désert Australien. Des piscines à l’eau bleu fluo posée devant l’immensité bleu turquoise de l’océan aux marres marrons émergeant d’infinies plaines de poussières pour mieux y disparaître la nuit. Des parcs verdoyants peuplés d’arbres géants faisant danser leurs ombres majestueuses devant de grandes tours de bureaux aux troncs rachitiques qui hantent de leurs présences fantomatiques un paysage ardant rougeoyant.
De l’ordre établit de la ville au monde sauvage du désert.
Deux enfants de la ville, une sœur adolescente et son petit frère, se retrouvent perdus au milieu du désert. Sans eau, sans nourriture, sans carte. Ils doivent survivre. Survire avant de pouvoir s’en sortir. Survivre avant de pouvoir quitter le danger naturel du monde sauvage et de retrouver la sécurité fabriquée du monde civilisé. Ils rencontrent sur leur route un jeune aborigène en plein Walkabout, un rite de passage pendant lequel il doit survivre pendant un an, seul dans le désert.
La terre, le sable, la roche.
Le petit frère, son visage poupon et sa joie innocente, la grande sœur, ses très longues jambes et sa très courte jupe et le jeune aborigène, ses connaissances de la vie dans le désert et son corps brun dénudé se lancent alors dans une balade sauvage où les cultures s’entrechoquent. Les pulsions sexuelles aussi. Une balade sauvage aride qui incruste un soleil incandescent sur la rétine. Une balade sauvage hypnotique à travers un monde rouge et ocre, ocre et rouge. Une balade sauvage poétique incarnée par les courbes pures et sensuelles de deux adolescents perdus dans le désert d’un amour impossible.
Une balade sauvage portée par une mise en scène incisive. Entre la grâce contemplative lascive et la furie furieusement furieuse. Les prises de vues d’ensemble d’un paysage sec et aride laissent place à des plans très rapprochés d’animaux qui se dévorent entre eux. Un montage vif et âpre d’une imagerie magnifique, emmené par un rythme lent, symbole d’une nature calme et magnifique, porteuses d’une violence cru, inévitable. Une mise en scène qui déborde d’allusions sexuelles. Qui exprime ce que les personnages ne pourront jamais se dire. Qui illustre les désirs de la jeune anglaise pour le jeune aborigène et du jeune aborigène pour la jeune anglaise.
La vie, la mort, la chair.
Plus que la découverte de pulsion sexuels et de l’amour impossible pour un être étranger fantasmé, Walkabout c’est avant tout le choc entre deux modes de vie. Un mode de vie basé sur la survie, un autre basé sur des préoccupations crées par l’homme, pour l’homme. Des biens, une propriété privée, de l’argent, une carrière. Le choc entre deux modes de vie pour la découverte de deux formes de violence. La violence nécessaire et obligatoire d’un mode de vie sauvage, une question de survie, contre la violence inutile et insensée d’un mode de vie occidental, une question de concepts et de normes. Une violence physique naturelle contre une violence psychologique artificielle. Naturel et artificiel qui peuvent se rencontrer dans leurs environnements respectifs mais qui ne peuvent cohabiter ensemble dans un entre-deux où les deux visions se mélange. Un entre-deux où le choc des cultures est tellement violent qu’il peut conduire les hommes vers la mort. Un entre-deux ou seul le petit frère, jeune enfant pas encore complètement modelé par le mode de vie occidental, peut s’adapter.
Une ballade sauvage esthétique pour une vision résolument pessimiste.
Marquant.