Légèrement Stone
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le 13 mars 2020
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Rarement bons sont les premiers films des réalisateurs. Oliver Stone n'échappe pas à la règle, lui qui réalisera son vrai premier film avec Salvador en 1985 (après une autre tentative en 1981 avec La Main du cauchemar, et ayant entre temps écrit quelques uns des meilleurs scénarios du cinéma américain - Scarface et Midnight Express pour ne citer qu'eux).
Cette Reine du Mal souffre peut-être d'être sorti la même année que la révolution horrifique Massacre à la tronçonneuse tentant, comme lui, d'expérimenter la caméra portée et violentée (sans le même brio) et la même violence aux cris saturés (sans le même effet d'effroi). Contrairement au film de Tobe Hooper, celui de Stone souffre terriblement de son budget réduit et porte constamment les marques du film fauché, dont semble ne sortir que le pire de ce que les années 70 ont pu produire.
On ne fera pas ici la liste des défauts évidents de cette série B qui penche plus vers la série Z (acting, mise en scène, écriture, effets visuels, etc.). On ne tire pas sur l'ambulance.
Mais là où le film semble proprement raté, c'est qu'à le découvrir en 2021, on ne semble assister qu'à une œuvre tristement prétentieuse qui ne sut jamais faire de ses défauts des qualités, et de sa pauvreté l'occasion d'un humour et d'un propos tout autre.
Le film s'enfonce sans cesse et toujours plus loin dans un verbiage pompeux et mal écrit, souvent inepte (frôlant l'absurde), avec ce scénario sans queue ni tête que Stone tente de justifier par de lourdes références littéraires, historiques, et même quelques prétentions métaphysiques assez pathétiques.
Si l'on reconnaît parfois l'écriture Stonienne à ses débuts (avec malheureusement surtout la mise en avant de ses défauts ; sa tendance à l'explicitation, aux discours pompeux, son ton démonstratif), on aura surtout l'impression de voir un Funny Games manqué, où une incarnation du Mal vient, dans une atmosphère mi-réelle mi-cauchemardesque, dévoiler au grand jour les défauts d'une société et de ses contemporains (ici, la lâcheté masculine surtout, l'hypersexualisation ou encore les abus du capitalisme qui considère tout comme achetable).
Dommage que le Mal soit ici incarné par de ridicules personnages (un nain barbu, un culturiste en habits de cuir et une femme faussement dominatrice, personnification de la tentation sexuelle) tous inspirés de personnages historiques ou mythologiques.
La Reine du Mal est donc à voir comme une curiosité, comme le premier film d'un réalisateur à la carrière incontournable. Mais une curiosité qui, en plus de nous ennuyer, ne nous fera ni rire, ni frémir, ni jubiler devant d'inexistantes effusions gores.
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Créée
le 9 févr. 2021
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