C'est quand même triste qu'il faut qu'une immense actrice nous quitte pour que je pense d'un coup qu'il y a trois films avec elle que je veux absolument voir mais que les circonstances font que j'ai oublié (mais cela va être très vite réparé, enfin du moins si j'arrive à mettre la main sur le Losey !!!) de les regarder : Mademoiselle de Tony Richardson, Eva de Joseph Losey, et enfin le film qui va être critiqué ici...
Autant entrer tout de suite dans le vif du sujet, cette adaptation de l'excellent roman d'Alexandre Dumas n'est pas une réussite pour moi. Déjà 102 minutes, c'est beaucoup trop court pour bien approfondir les divers (et nombreux !!!) rebondissements de l'intrigue et surtout pour bien approfondir les protagonistes de l'histoire.
La protagoniste, malgré le charisme et la beauté de Jeanne Moreau, intervient d'une manière significative beaucoup trop tard dans l'intrigue pour réellement s'imposer et pour que l'interprétation de la comédienne soit un minimum mémorable ; on peut faire le même reproche pour celle de la reine-mère Catherine de Médicis, jouée par Françoise Rosay. D'ailleurs le cabotinage extrême de cette dernière aurait pu peut-être fonctionner si elle avait eu plus le temps d'"étendre" son personnage. Là, c'est vraiment trop court pour qu'on ne voie pas autre chose que du simple cabotinage, à vide, qui ne peut qu'agacer.
Autre problème, le cabotinage des autres acteurs (ça a l'air d'un virus qui s'est propagé partout !!!), à l'instar d'Henri Génès, très bon pour rôles de troisième couteau sympathique mais nettement moins pour les rôles en vedette, de Robert Porte, en Charles IX, ou d'André Versini, en futur Henri IV, acteurs qui n'ont pas été retenus (pour les deux derniers !!!) par la postérité, même dans le champ restreint de la cinéphilie, et ce n'est pas la peine de se demander pourquoi, qui est vraiment insupportable. Et je n'évoquerai pas Armando Francioli et son incroyable fadeur alors que c'est censé être le rôle masculin principal (quitte à prendre un italien doublé en français, un Marcello Mastroianni ou un Vittorio Gassman n'auraient pas été de trop !!!).
En résumé, l'ensemble se regarde sans passion, d'un œil morne, loin du souffle, ici à base de bruit, de fureur et de beaucoup de sang, de Dumas. Seuls quelques bons dialogues ainsi qu'une apparition surprenante, dans le rôle de l'empoisonneur astrologue de la reine-mère René, d'un certain Louis de Funès, encore dans la multitude des seconds rôles, valent le détour.