La Reine Margot
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le 2 nov. 2014
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Second visionnage de la Reine Margot pour moi, prix du jury à Cannes 94. Lors de mon premier visionnage, j’ai comme souvenir d’avoir aimé ce film, je ne sais pas vraiment pourquoi, sûrement une lecture inconsciente où je n’était pas vraiment concentré. Enfin bref là je reviens devant et je pense avoir certaines choses à dire.
Tout d’abord, je ne connais pas l’œuvre original et ça ne m’intéresse pas vraiment en fait, le film officie assez bien en tant que biopic ou juste film historique, là où m’intéresse le film est d’abord dans sa mise en scène. Le film est marquée par les antécédents de son réalisateur Patrice Chéreau qui est avant tout metteur en scène pour le théâtre. Ce détail à son importance car cela implique que sur un point de vue Bressonien, on ne relève pas un film de cinématographe, mais purement de théâtre filmé. Je ne suis pas vraiment extrémiste pour affirmer que cela induit que le film est mauvais. Seulement, j’ai plutôt ressenti un sentiment étrange car le contexte que j’ai donné ci-dessus prédisait que le film serait à caractère théâtral, donc je savait à quoi m’attendre, assez pour ne pas haïr le film. J’ai été neutre, ni frustré ni en ébullition.
Le film a ses faiblesses et j’en ai pris conscience dès le début du film, que cela serait symptomatique de ma non-impression à son égard. En effet, il ne m’a fallut pas plus d’une scène pour comprendre des enjeux pourtant palpable à la mise en scène. On nous introduit à la Môle au détour du dialogue avec son colocataire d’une nuit sur la situation. Bien sûr tout laisse entendre que en effet c’est les prémisses d’une future entente et donc d’un déplacement des protestants. Dans ce dialogue donc, on nous dit d’une manière peu subtile et dans des mots très bien choisit pour casser cette dernière que bah oui il y’a bien des protestants, qu’ils sont mal lotis parce que mal logés parce que en sûr nombre, mais à quoi bon ? On peut nous le faire comprendre au travers de la mise en scène, c’est le but du cinéma. Ma frustration (entre gros guillemets) naît à ce moment là étant donné que à peine je capte les éléments au travers du décors et de la mise en scène que l’on met sert déjà trois répliques, qui visent à expliciter la situation, au cas où elle ne nous serait pas parvenu. De plus tout cela est ridicule lorsque l’on voit la scène du mariage qui suit. Tout y est et pourtant aucun dialogue ou presque ne réside. On nous montre l’esthétique baroque (courant picturale de ce temps qui affirme parfaitement le comportement catholique de l’époque) dans lequel le film nous plongera grâce à un plan annonciateur taché de rouge (je l’admet on fait comme on peut pour la subtilité mais pouvant faire écho aux vanités en un sens), mais surtout un choix esthétique qui montre très bien l’opulence et le mode de vie quasiment orgiaque dont font preuve les catholiques. C’est un des premiers facteurs de reproches et de litiges présent entre protestants et catholiques, quasiment à l’avènement de la religion protestante. Le plan illustre très bien aussi la supériorité et le désavantage localisateur dont son victime les protestants. On voit la supercherie et l’ironie qui en découle bien souligné par les papes en arrière plan qui crées un sur-nombre. Malgré tout, directement après on retombe dans des dialogues explicatif du contexte politique alors que je viens à l’instant grâce à deux plans de capter les enjeux. C’est dommage et ça ne va pas en s’arrangeant, encore plus avec la scène du banquet et dans les foules où tout est volontairement explicité.
Le film compte être didactique alors, ça je l’ai compris, et bien soit, avançons comme tel. Un film didactique, mais pourquoi ? Car Patrice Chéreau, car mise en scène de théâtre implique la volonté omniprésente de filmer la parole. En un sens je me dis que c’est vraiment nul de ne pas s’accommoder tout simplement aux normes des autres arts et dans un autre je me dis que c’est justifiable et logique. Alors voilà, je prend en compte et j’oublie. Je regarde un film qui va me dicter ces enjeux et son récit. On relève cela pour plein d’éléments comme les relations entre la soeur et ses frères ou bien celles avec la Mole et la cour ou bien les préférences fratricides de la mère, enfin bref on pourrait en citer à la pèle et pourtant tant pis.
Ensuite, cela s’applique au jeu d’acteur théâtrale qui va se déployer chez les acteurs dans un ton très lyrique voire élégiaque. Mon positionnement sur la question du jeu est un peu plus sobre pour moi, mais lorsqu’un film regroupe autant de grosses têtes, je ne peux que me contenter de ces interprétations. Je dois dire que par rapport à ce que j’ai vu comme critique sur le jeu d’Anglade et Auteuil, je reste assez clément, jeu que je trouve finalement assez sympa et encore plus lorsque je vois la prestation pour le personnage de Catherine de Médicis. Chaque scène était un supplice, j’ai jamais vu une personne autant convaincu d’être Brando dans le parrain. Chacune des ses répliques sont à coupés au couteau couplé à l’accent italien de la reine mère, ce fut dur.
Enfin, il y a tout de même des procédés cinématographiques que j’apprécie dans le film. Je remarque la quasi non présence de musique, uniquement dans la scène du marinage où elle il y en a mais intégré dans la diégèse du film. Aussi, il y a l’utilisation des ellipses, le film se déroule sur quasi deux ans mais rien ne nous l’affiche. Cela témoigne d’une préférence sur le ressenti plutôt que sur l’explicatif.
En conclusion, pas un mauvais film, pour lequel je peux avoir des faiblesses, mais qui globalement ne s’approche pas de ma vision du cinéma mais qui surtout ne s’approche pas des standards de ce dernier.
Créée
le 21 oct. 2024
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