Pas vraiment convaincu par ce drame. Bon, c'était (et c'est toujours, en fait) un projet casse-gueule que d'adapter le bouquin de Diderot : en effet, l'action y est décousue, ne privilégiant que le point de vue d'une martyre, de quoi assimiler la détresse de l'éhroïne à du misérabilisme. Sauf que ça reste un livre et que dans un livre il y a un élément qui permet de ce dégager d'un tel défaut : la pensée du personnage. Par le pensée, l'auteur peut digresser, amener quelques couleurs supplémentaires, ou encore amener l'espoir nécessaire pour échapper à l'enfermement. Mais comment faire, dès lors, pour remplacer cette voix intérieure en transposant l'histoire en film ?
Et bien Guillaume Nicloux ne trouve pas vraiment de solution. Il change un peu l'histoire, mais pas trop. Le début est moins conflictuel, mais après 40 minutes il n'y a rien d'autre que de l'acharnement envers l'héroïne. Il y a une voix off, choix logique, mais elle ne raconte pas grand chose. L'histoire est un peu différente, mais reste semblable dans le grandes lignes. C'est dommage. Autant prendre plus de libertés !
Parce que le côté décousu des scènes ne sied vraiment pas au rythme du film (une scène d'un plan comportant un dialogue de deux phrases et ne durant que 20 secondes, ça ne sert à rien) ; de plus, l'auteur n'approfondit aucune relation et certains dialogues, repris directement du roman, perdent de leur crédibilité, parce qu'il n'y a pas tout le contexte qui va avec. Au final, l'acharnement des sœurs ressemblent plutôt à un acharnement sans nuance de l'auteur envers les religieuses : elles sont toutes folles et méchantes. Mais ce qui aurait été intéressant, c'est de s'intéresser à ces problèmes (d'où viennent-ils ou comment font-elles pour les infliger sans avoir de problème ? D'ailleurs la séquence où l'on vient exorciser l'héroïne et qui sonnera la fin d'un premier tourment, semble venir de nulle part, rien ne la prépare).
La mise en scène comporte quelques jolis plans. Dommage que l'esthétique ne soit pas plus poussée. Même le découpage manque de force (je pense notamment à la manière dont le curé est filmé lorsque Suzanne doit prononcer ses vœux pour la première fois ; pourquoi filmer le curé aussi lamentablement, c'est le moment où l'on doit montrer toute la gloire de l'église tournée en dérision par ce grain de sable !). Les acteurs sont corrects, l'héroïne m'agace un peu avec son air de chien battu du début à la fin ; elle agace surtout lorsqu'elle récite ses dialogues : en effet, ça ne paraît jamais naturel, elle emploie toujours la même intonation (je ne saurai jamais si c'était un choix du réalisateur ou de la belle - car oui, heureusement elle est plutôt mignonne et j'étais bien content de la voir se désaper, une scène que j'attendais depuis le début du film). J'aime bien Huppert, elle est même jolie, mais là je suis déçu que le réalisateur n'ait pas été fidèle au bouquin ; en effet, son personnage est censé être une bonne vivante un peu rondouillette... tout le contraire de Huppert ! Et moins j'avais envie de voir cette belle ronde dragouiller la jolie Suzanne ! Mince !
Bref, pas fameux ce film ; j'espère que l'autre adaptation est meilleure, mais de toutes façons je n'ai pas encore réussi à me la procurer (un jour j'espère).