D'après le roman de Mary Webb, elle-même fascinée par la nature et marquée par son enfance campagnarde : Gone to earth, Powell a signé un poème cinématographique flamboyant, une sorte d'hymne à la Nature placé sous le signe de forces païennes et telluriques, des croyances héritées de sa mère, que Hazel, la sauvageonne un peu gitane un peu magicienne : Jennifer Jones tour à tour fragile et instinctive, respecte et vénère.
Foxy la renarde que la jeune femme a sauvée de la mort et recueillie est à son image : innocente et fascinante, attirée par l'aventure, mais avide de protection et d'amour.
C'est ce que va offrir à Hazel Edward Marston, le pasteur prude et timoré mais sincèrement épris voire subjugué par cette créature troublante à la voix d'or et à l'âme pure.
Mais comment résister, quand on est de nature volcanique, à la passion charnelle que lui voue Jack Redding gentilhomme à la brutalité ténébreuse, grand chasseur devant l'éternel, amoureux fou de la jeune femme d'autant plus affolante que sa sensualité se double d'une candeur enfantine qui exacerbe le désir.
Femme de feu provocante et libre, mais éternelle petite fille à la recherche d'un père, Hazel rentrera au bercail, rêvant d' un Eden d'où toute cruauté serait bannie: magnifique et dramatique séquence de la chasse à courre, entre forêt et clairières plongées dans une pénombre irréelle où on ne sait plus qui, de la renarde ou de la femme aux abois, est pourchassée : une belle histoire d'amour et de passion et le portrait d'un être sauvage et indompté remarquablement incarné par Jennifer Jones.