Une petite comédie américaine a priori insignifiante, qui connut pourtant un succès démesuré à l'époque de sa sortie, au point d'avoir engendré une suite directe puis un spin-off, et qu'un troisième volet serait même en préparation, plus de 20 ans après le premier opus.
Alors, c'est vrai que "Legally Blonde" diffuse des sourires et de la bonne humeur, bénéficiant d'un rythme efficace et d'un format adapté (trop de comédies flirtent désormais avec les deux heures, ce qui s'avère souvent contre-productif).
Vrai aussi que le personnage d'Elle Woods dégage une certaine sympathie, incarnée avec énergie par Reese Witherspoon qui trouvait alors un rôle à sa mesure, elle la petite sudiste un peu bimbo mais loin d'être idiote.
En ce début de nouveau millénaire, qui voit notamment la télé-réalité exploser sur les écrans, le public féminin s'identifie visiblement à cet archétype inversé ; il est désormais de bon ton pour les jeunes citadines diplômées d'apparaître très maquillées et court-vêtues, lookées comme des cagoles. Quant aux femmes moins jeunes et moins séduisantes, elles pourront reporter leur empathie sur le personnage de Jennifer Coolidge...
En dépit de ces quelques atouts, "Legally Blonde" se révèle pourtant décevant.
Je passe sur les grosses ficelles et autres invraisemblances, on est dans une comédie, ce n'est pas bien grave.
Plus gênant, le film est un ramassis de clichés, ce qui peut également être acceptable dans une comédie, mais à condition d'en faire quelque chose.
Or le réalisateur australien Robert Luketic se contente d'aligner les situations convenues et les personnages stéréotypés - hormis en deux-trois occasions, où le cliché sera retourné de manière amusante (cf le nettoyeur de piscine).
Et puis surtout, le plus grave, c'est que "Legally Blonde" n'est que trop rarement drôle : de la bonne humeur, oui, mais des rires francs, pratiquement pas...
Heureusement, ce qui sauve le film du ratage complet, c'est le virage à mi-parcours vers la comédie policière et le film de procès. Certes, la mini-intrigue criminelle se révèle digne d'un épisode du "Mentalist", mais ce tournant apporte une nouvelle dynamique bienvenue dans la seconde partie du récit.
Résultat, si l'on rit toujours assez peu, au moins on ne s'ennuie pas.
Au final, on aura donc assisté à une comédie policière très moyenne et parfaitement inoffensive, lourdement ancrée dans le début des années 2000 (ce qui lui confère paradoxalement un certain charme), ayant au moins le mérite d'éviter les gags lourdingues et l'humour scato qui commençait alors à devenir la norme.