J’ai bien apprécié le film dans son ensemble, pas trop manichéen en général, assez réaliste. Mes quelques critiques concernent surtout la deuxième partie.
Première remarque : la bataille de Valmy est représentée de façon trop simpliste, jamais une bataille ne se déroule avec des soldats qui avancent naïvement sous le feu des canons. Dans la réalité, d’ailleurs, cette bataille était particulièrement légère au niveau des victimes. Elle s’est résumée en un dialogue entre artilleries, mais pas d’affrontement entre infanteries comme le suggère le film. Deuxième point : les personnages mentionnent la Terreur, alors que cette notion n’a été nommée telle quelle que plus tard par des historiens.
La troisième remarque concerne un point nettement plus important : les massacres semblent être centralisés sous la volonté de Robespierre et Saint-Just, et les représentants en mission (notamment chargés de gérer les tribunaux révolutionnaires dans les provinces) ayant abusé des mises en accusation ne sont mentionnés nulle part. Exemples : Fouché et Collot d’Herbois à Lyon, Le Bon au Pas-de-Calais, Carrier à Nantes. C’est pourtant contre eux que Robespierre a voulu faire voter des arrestations, pour abus de droits révolutionnaires.Peu avant son arrestation à la Convention, contrairement à ce que présente le film (qui, entre autres, raccourcit l’événement à une seule journée), il a effectivement donné plusieurs noms : Fouché et Tallien, en promettant de dénoncer les autres les jours suivants. Voulant se protéger, Fouché a alors pris les devants et organisé un complot visant à l’arrêter le plus tôt possible, en jouant sur les peurs des députés potentiellement suspects (dont Barras, corrompu reconnu) pour les rallier à lui. Le 9 thermidor est arrivé le lendemain de la scène de l'arrestation, plutôt. Des députés se mettaient à crier dès que Robespierre cherchait à se faire entendre, l’empêchant de se défendre. L'un des robespierristes s'est pris un coup de coude pendant qu'il avait la parole. Le film semble tourner Robespierre en dérision à ce moment, c’est là que j’y ai vu un léger excès de manichéisme.
Également, le film le montre fuyant la Convention et cherchant lui-même à organiser une insurrection depuis l’Hôtel de ville. Il a été en réalité arrêté sur-le-champ, puis libéré lors de son transfert par ses partisans. Mes sources n’indiquent pas une seule fois sa volonté d’insurrection, et au contraire, selon elles, c’est cette non-prise de décision qui a scellé son sort.Enfin, le film s’arrête sur sa mort, ce qui sous-entend à tort que la Terreur s’est arrêtée avec lui. D'autres années sombres ont pourtant suivi, comme la Terreur Blanche au cours de laquelle les thermidoriens avaient tendance à laisser libre cours aux violences meurtrières perpétrées par les jeunes royalistes sur les jacobins (ex : la "chasse au mathevon", à Lyon, où la traque et la mise à mort des anciens montagnards sont vues comme un sport).
Bref, je trouve la partie sur les « années sombres » décevante. Elle le désigne comme principal responsable des crimes révolutionnaires, chose pourtant très controversée. Rien que la page Wikipédia à son sujet le dit clairement. J’invite donc à garder beaucoup de recul sur l’interprétation des personnages.