Réalisé en 1955 par André De Toth ce western d'excellentes factures est une franche réussite.
Tout comme d'autres illustres cinéastes de l'âge d'or Hollywood, John Ford et Raoul Walsh, André De Toth était borgne. Cinéaste d'origine européenne, hongroise dans son cas, il partageait avec ces maîtres de l'absolu, une même science de la mise en scène et l'art de sublimer ses oeuvres.
Pas obligatoirement le plus mis en avant par la critique, il demeure l'un des excellents et très importants réalisateurs américains de genre. L'un de ceux qui à l'instar d'un Budd Boetticher ou un Delmer Daves auront sublimé chaque genre dans lequel ils auront œuvré.
Des gens comme Bertrand Tavernier ou Patrick Brion n'auront de cesse de mettre en avant son travail.
Ayant brillé dans le registre du film-noir, avec entre autre l'excellent Crime Wave (Chasse au Gang en France), dans le film de guerre, il faut revoir Play Dirty (Enfants De Salaud) avec Michael Caine qui est une perle du genre, mais également avec son adaptation de L'homme Au Masque de Cire qui inspirera les cinéastes britanniques de la Hammer notamment.
Dans le registre du western, il aura à peu près toujours sublimé son art, dans des œuvres intelligentes, rythmées et fouillées qui élèveront le genre.
The Indian Fighter fait partie de ces réussites immédiates. Dès les premiers plans, filmés en décors naturels, ici les sublimes paysages du Wyoming, ont est captivé par le travail sur l'image, le technicolor aidant.
On retrouve un Kirk Douglas fidèle à lui-même à la carcasse épaisse et au dynamisme naturel qui en font immédiatement un personnage vers qui on a envie de se tourner.
A l'instar de La Flèche Brisée de Daves, il s'agit d'un western où les indiens sont montrés comme des guerriers vaillants et ne se cantonnent pas à des rôles de faire-valoir.
En plus d'un propos intelligent, ce western possède quelques morceaux de bravoure, de ces instants de sublimation qui figent l'image, notamment une scène d'embrassade dans une rivière ou une scène de danse où la caméra se met à tourner dans le sens inverse des protagonistes.
Magnifiquement photographié, dans des décors somptueux, ce western d'excellente facture possède en plus un rythme effréné qui ne perd jamais en intensité.
On retrouve quelques seconds rôles de qualité, notamment un surprenant Walter Matthau et Lon Chaney Jr , Ray Teal, et Alan Hale Jr vu chez Raoul Walsh souvent, la distribution n'étant pas en reste.
Alors que demander de plus à un genre qu'une certaine critique, française souvent et idiote toujours, a trop souvent enfermé dans des clichés simplistes sans jamais avoir cherché à en comprendre les tenants et aboutissants, allant jusqu'à traduire les titres de manières éhontés et totalement tronqués ? Si ce n'est que dire et redire que tellement de choses ont été dites et montrées dans le western sans obligatoirement que l'on est pris le temps de les voir, le cantonnant à un sous-genre tout au plus distractif.
Pour qui veut s'intéresser à ce genre, le plus pur que le cinéma ait donné, il faut avoir vu un western d'André De Toth.