Biberonné dès ma plus tendre enfance aux westerns crépusculaires de Leone et Peckinpah, il va sans dire que le bon vieux western de papa n'a que peu d'effet sur moi, mon âme de guerrier belliqueux trouvant généralement ces bandes bien trop lisses et sages, à l'exception de monuments badass tels que "Rio Bravo" ou "La prisonnière du désert".
Tourné en 1948 par Howard Hawks, "La rivière rouge" avait effectivement tout pour me rebuter, et il est vrai que l'ensemble m'a paru bien long à certains moments, sans oublier un final expéditif et un peu con. Mais même si j'ai passé le plus clair du film a imaginer un "Brockeback Mountain" avant l'heure entre John Wayne et Montgomery Clift, le western de Hawks demeure cependant sacrément efficace.
Loin de tout glamour hollywoodien (si l'on excepte la musique sirupeuse alors de mise dans l'industrie cinématographique), "La rivière rouge", en plus d'offrir des images de toute beauté, a surtout le mérite de montrer toute la difficulté et les dangers d'un convoi de bétail partant du Texas pour rejoindre le Missouri, les pauvres cowboys subissant à peu près toutes les catastrophes possibles, la plus cruelle étant l'absence de femmes, sauf pour Monthy qui ne mangeait de toute façon pas de ce pain-là même s'il tente de prouver le contraire à ses copains vers la fin. Hawks montre également les répercussions psychologiques d'une telle expédition, offrant ainsi au Duke un de ses rôles les plus ambigus.
Malgré ses longueurs et son petit côté forcément désuet, "La rivière rouge" reste un bon petit western agréable à suivre pour qui aime le genre, parfois spectaculaire (la fuite du bétail est réellement impressionnante) et devant beaucoup au talent de cinéaste de Hawks.