1970, la Hammer bat son plein, les films à tendance gothique sont légion, Jean Rollin, Mario Bava et Jess Franco règnent sur les images de vampirettes le plus souvent nues dans des châteaux lugubres et brumeux. La niche est posée, Claude Mulot sent une ouverture et tente de reprendre le thème des « Yeux sans visage » de Franju un peu dans ce style. L’histoire écrite, les bases posées, on peut plonger dans cette histoire un peu bateau où la muse ( Anny Duperey) d’un peintre bankable ( Bernard Lemaire) après un bête (mais vraiment stupide) accident se retrouve défigurée, c’est alors qu’un docteur un peu spécial (Howard Vernon) lui propose une solution pour retrouver son visage d’antan mais au prix de quelques péchés et ignominies .
40 ans plus tard, se mater un tel film peut demander un effort d’ouverture d’esprit. Néanmoins, sans trop se forcer, l’atmosphère aidée de sa musique et ses mélodies au clavecin nous embarque dans cette histoire d’horreur pure avec parfois quelques scories des fameux giallis italiens. Cette narration qui commence par des allers/retours passé présent tranche avec les films du même genre hyper linéaire et pompeux et apporte une bouffée d’air frais pas désagréable, ce qui accroche le spectateur directement au sort des personnages. Les acteurs sans être catastrophiques font le taf , hélas quelques seconds rôles n’ont pas du tout le métier dans le sang, ce qui est excusable. Quelques longueurs censées apporter du suspense sont carrément ratés. Ces longs plans subjectifs espionnant le peintre sont interminables. Malgré tout, cela contraste avec ces regards caméras assez modernes pour l’époque et cette distorsion de l’image qui contribue au malaise ambiant du film. Une petite surprise des 70’s qui dément la réputation de films sulfureux avec ses scènes coquines gratuites.
Effectivement, par la suite le fameux Claude Mulot alimentera cette réputation en réalisant coup sur coup deux films cultes du porno français, « le sexe qui parle » et « la femme objet ». Il est donc bien loin le temps où le cinéma français faisaient dans l’underground dur où un réalisateur pouvait sans rougir passait du X à l’horreur et vice et versa. Pour conclure, une œuvre à ne pas rater pour les complétistes des films de châteaux brumeux