Avec La rose pourpre du Caire, Allen adresse une déclaration d'amour limpide à sa véritable âme soeur, une créature fantastique qui ne s'appelle pas Mia ni Diane, mais qui accouche chaque semaine voire chaque jour d'une ribambelle incalculable de rejetons tous plus singuliers les uns que les autres.
Une entité centenaire, d'inspirations séculaires, une grande dame aux millions de visages, une matrice de rêves et de songes.
Charmeuse aguerrie, elle a appris au fil du temps à jouer de ses atours, à choisir l'angle et la lumière qui la mettent le plus en valeur, sans laisser de place au hasard.
Je n'ai pas honte de le dire, cela fait plusieurs années que je paie quasiment chaque jour pour un tête-à-tête avec elle. Elle sait tout sur tout, connait les plus extraordinaires histoires des peuples de ce monde et d'ailleurs, et parle à peu près toutes les langues, même les plus abstraites.
Babillarde invétérée, elle trahit impudemment les moindres secrets, ouvre grand les fenêtres même quand elle n'est pas chez elle.
Mais elle-même, elle qui aime mettre les autres à nu, depuis toujours aime cependant à cultiver son propre mystère, et parade en toutes circonstances derrière son paravent translucide de toile ou de verre.
Cette Muse Kinema a beau avoir infiniment d'amants, elle n'inspire nulle jalousie, bien au contraire : plus on se la partage, mieux on se porte !
Ah, et si vous voulez un avis sur le film, eh ben il est très très bien, ma foi.