"Des Miss, y'en a partout !"
Gourmandise de choix confectionnée par Jean Eustache au début de sa carrière, au printemps 1968, déguisé en réalisateur de l'ORTF, en reportage dans sa ville natale près de Bordeaux pour documenter...
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le 12 déc. 2024
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La Rosière De Pessac est un documentaire stupéfiant réalisé en 1968 par Jean Eustache lors de l'élection de la jeune femme à la réputation la plus vertueuse qui soit par les élus de la petite ville girondine qui jouxte Bordeaux. En terme de vertu, il faut comprendre la nécessité à ce qu'elle soit impérativement vierge, catholique, bonne élève ou bonne ouvrière et qu'elle participe activement à l'entretien de sa maison.
Originaire de Pessac, Eustache reste le candidat idéal aux yeux de l'ORTF pour filmer ce programme télévisuel et le cinéaste s'entoure de techniciens de la petite ville, dont Alain Sempé, le frère cadet du célèbre dessinateur Jean-Jacques Sempé. En anticipant de 17 ans la série de documentaires belges Strip-Tease, le futur réalisateur de La Maman Et La Putain crée un véritable tour de force en laissant librement les protagonistes exprimer leur morale ultra patriarcale liée à des traditions ancestrales alors en voie de disparition.
Jusqu’à 2014, Pessac a célébré sa rosière à chaque printemps. Instituée par un legs de 1896, et en référence à une tradition médiévale de Salency en Picardie, l’élection d’une jeune fille méritante donnait ainsi lieu à une fête religieuse, citoyenne et champêtre réunissant les quartiers de la commune autour d’une figure édifiante de la jeunesse. Mais à partir de 2015, la tradition disparaît, faute de candidate, signant la fin d’une coutume quelque peu embarrassante pour les élus de la République, avec son couronnement à l’église façon mariage. Sans compter sur la pression du mouvement Osez Le Féminisme qui avait organisé un contre-couronnement lors de la 118e édition avec beaucoup plus de succès et de festivités.
Reste aujourd'hui ce document ahurissant où le sourire carnassier du maire d'alors, Jean-Claude Dalbos, fait littéralement froid dans le dos face à des femmes soumises aux diktats patriarcaux où chacune est déjà fière, en amont, d'être l'hypothétique marraine officielle de la future jeune rosière (que tout le monde espère jolie). Entre le refus de la participation d'une candidate vertueuse à cause de l'alcoolisme de son père et les sollicitations de tous les vieux élus à embrasser la nouvelle rosière (que tout le monde trouve finalement à son goût dans son rôle de potiche souriante), Eustache réalise une œuvre aussi consternante que mythique. Fort de ce succès, le cinéaste réitérera l'expérience en 1979.
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Créée
le 27 avr. 2024
Modifiée
le 20 nov. 2024
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