portrait d'une famille du Sud
Habituellement, il est de bon ton de considérer cette adaptation du roman de Erskine Caldwell comme un des mauvais films de John Ford. Les raisons de ce jugement m'ont toujours semblé assez énigmatique. Peut-être doit-on les trouver dans le matériau assez scabreux du livre que les adaptateurs ont d'ailleurs édulcorés ou dans le fait que la peinture des pauvres gens du Sud n'a pas les mêmes teintes sociales que dans LES RAISINS DE LA COLERE. Certes, cette ROUTE AU TABAC est inférieure aux RAISINS ou à QU'ELLE ETAIT VERTE MA VALLEE, mais ces deux films sont des chefs d'oeuvre. Par ailleurs, le portrait de ces pauvres gens est parfois acide; mais il n'est jamais méprisant. Si Ford a su peindre des beaux spécimens d'humanité, il a su aussi en montrer parfois les formes plus sombres comme dans PILGRIMAGE ou dans LA PRISONNIERE DU DESERT. Tout cela n'empêche pas que la photo du film est magnifique, que l'interprétation est brillante, que l'humour est au rendez-vous et que le portrait de ces deux vieillards, prêts à tout pour rester sur leur terre, est attachant. La fin est d'ailleurs tout sauf optimiste.