Quand le premier film de Blerta Basholli, déjà auréolé de 3 prix à Sundance, a été présenté à Pristina, la capitale du Kosovo, il a déclenché des scènes d'émotion collective jamais vues depuis la fin de la guerre. Le film est basé sur une histoire vraie, celle d'une femme d'un petit village dont le mari a sans doute péri mais dont le corps n'a toujours pas été identifié. Avec d'autres femmes, celle qui ne tire que de modestes revenus de son activité d'apicultrice, décide de lancer sa petite entreprise en conditionnant une recette régionale, l'ajvar, à base de poivrons rouges. Une initiative qui ne peut que heurter le patriarcat traditionnel constitué par les plus vieux du village qui n'ont de cesse de voir son affaire échouer. C'est une belle histoire de résilience, de courage et de solidarité que la réalisatrice traite avec un style impeccable et une dignité de tous les instants sans céder aux sirènes du mélodrame. Resserré sur à peine plus de 80 minutes, La Ruche n'a rien d'un documentaire, nous laissant sans cesse sous tension et frissonnant de peur quant à ce qui pourrait arriver à ces héroïnes. Que ce film admirable, et pas seulement sur le fond, puisse sortir dans les salles françaises était le moindre des honneurs à lui faire.