Mizoguchi filme ici un Japon plus moderne et plus féminin : il parle ici d'une maison close, des filles qui la font tourner, des différentes histoires qui les ont poussées à y entrer, et de leur position vis à vis d'une loi en discussion au parlement qui interdirait la prostitution.
Outre les portraits touchants, précis, réalistes - comme toujours chez Mizoguchi - l'approche cinématographique de ce film reste picturale, il joue avec les ombres et la lumière, avec les cadres des portes, faisant à chaque fois de ses décors, des personnages à part entière du film.
Les hommes, pourtant très présents dans ses précédents films, sont ici effacés et la femme est celle qui fait vivre, elle est le sexe fort, la mère nourricière, la femme sacrifiée, la femme résolue, ou libérée. Grâce à ses différents portraits, Mizoguchi parvient à parler de liberté féminine, de la condition de la femme dans son pays, de pauvreté, de désir, d'ambition... Il fait comprendre qu'il faut compter avec ces dames pour construire le Japon de demain, qu'elles choisissent de rester prostituées ou de changer de milieu. Mais il dénonce aussi le peu de choix qu'on laisse aux femmes qui auraient besoin d'argent, à son époque - une des femmes se rend compte qu'elle gagne trois fois plus en maison close qu'elle ne gagnerait ailleurs. Il parle de la honte qui s'abat sur elles, de la difficulté de leurs choix....
Tout ça pour conclure que Mizoguchi aime les femmes et le prouve, aime le Japon, et le prouve, aime le cinéma, qui le lui rend bien. Et moi, j'aime Mizoguchi.