The Children's Hour n'est pas seulement un immense film sur l'étouffement inconscient d'une société américaine aliénée par ses propres convictions et autres mœurs, mais également la mise en abîme des paradigmes les plus fragiles. Sans se concentrer autant sur les méthodes éducatives qu'un film comme the Miracle Worker, William Wyler faisait preuve d'une belle maestria à juxtaposer le rôle des enfants à celui des adultes, du dominé au dominant au fur et à mesure du long-métrage.
Un mot entraînant conséquence à raison de sa polysémie, la rumeur se propage lentement mais sûrement, Wyler préférant cadrer souvent le visage d'un personnage en gros-plan, puis les autres derrière, figés par leur position. Cette évolution dramatique, à laquelle participent en premières les formidables Hepburn et Maclaine, est radicale. La promenade n'est pas tranquille, a contrario de l'introduction radieuse par sa musique et la présentation idéaliste du pensionnat.
Le jeu des ombres servira à souligner l'inconscience d'une femme considérée malade aux yeux de tous, se révélant elle-même la vérité d'une rumeur violemment propagée, victime du monde qui vit au quotidien. Comme l'écrivait Terry Pratchett (the Truth), a lie can run around the world before the truth has got its boots on.