Oui, on a pleuré pour Poulpy. Autant le dire de suite : on s'y attache drôlement, à cette petite pieuvre qui attrape des coquillages pour se faire des boucliers, qui semble aimer les papouilles sans oublier de rester sauvage, qui se régénère toute seule quand on l'attaque (et nous, avec nos béquilles pendant des mois pour une entorse...), qui est plus intelligente que bien des gens de notre connaissance... On l'adore. Craig Foster a eu bien raison de venir plonger aux côtés de l'animal pour tenter de s'éloigner de sa dépression, car la pieuvre a bien des leçons de vie à nous donner, et le final déchirant nous a fait dégainer mouchoir sur mouchoir. On regrette même d'avoir entendu le cliché du documentariste animalier "il ne faut pas que j'intervienne" lors d'une attaque potentiellement mortelle pour elle, car on a eu une belle frayeur et on aurait voulu écraser son tuba sur le masque de Craig. Intervenir ne flanque pas - forcément - à la poubelle tout un documentaire, cela dépend de la ligne de conduite du réalisateur, et l'on aurait préféré que Craig ne nous fasse pas autant de mélo pour nous faire aimer Poulpy si c'était pour nous dire "je la laisse crever sous vos yeux" la seconde d'après. Nos cœurs se sont arrêtés, Craig, ce n'était pas sympa. De toute façon, on savait que l'on passerait difficilement la fin en ayant l'information dès le départ de la durée de vie très courte de ces animaux (un an, à peine), et l'on devine que l'on aura droit au triste spectacle qui nous attend effectivement au tournant, dans les dernières minutes. Mais ce que l'on n'avait pas prévu, c'est de s'attendrir devant un bébé pieuvre comme devant le rejeton d'une bonne copine à la maternité. Craig Foster a beaucoup appris de sa cohabitation avec la pieuvre, et nous aussi. Très inspirant et touchant.