Rondement mené, avec une tension de plus en plus irrespirable, au fil des minutes, le quatrième long-métrage de İlker Çatak, La salle des profs, est une franche réussite. Son parti pris est de ne rien montrer en dehors de l'enceinte scolaire, là où une série de vols va contaminer l'atmosphère générale. Une enseignante fait office de fil conducteur, idéaliste et bienveillante, elle n'a de cesse de vouloir faire les choses le mieux possible, ne se rendant pas compte qu'un effet boule de neige est très difficile à arrêter. Pour elle aussi, le film tait toute information d'ordre privé, ne la présentant que comme professeure, aux prises avec ses collègues, l'administration de son collège, les parents et les élèves. En tant que microcosme, l'école représente parfaitement la société dans son ensemble, avec ses jeux de pouvoir, ses inégalités et ses injustices, sans oublier un certain nombre de discriminations plus ou moins latentes. Le cinéaste maîtrise sa mise en scène de manière exceptionnelle, aidé par une interprétation remarquable de Leonie Benesch. Mais c'est l'ensemble des jeunes acteurs, d'une justesse sidérante, qui donne véritablement son authenticité à un film, au sein duquel la pression ne cesse de monter et qui tient en haleine jusqu'à ses dernières images, pas forcément attendues, d'ailleurs.