En lice pour l’Oscar du meilleur film étranger au nom de l’Allemagne, La Salle des profs est un drame poignant, empruntant les codes du thriller pour faire la critique du système éducatif. Par cette approche innovante et cette envie de s’extirper d’un académisme pourtant attendu avec un sujet tel, le film évite tous les écueils mélodramatique.
L’intensité de jeu que Leonie Benesch distille dans son interprétation de Carla est soulignée par la caméra qui se focalise constamment sur son faciès. Le spectateur demeure prisonnier de son regard, solidement ancré dans ce format 4:3 qui étouffe toute possibilité de fuite, le maintenant étroitement lié à ce qu’elle vit.
Le réalisateur opte pour garder Carla confinée à l’intérieur de l’école tout au long du film, laissant de côté les détails de sa vie extra-scolaire. Le drame introspectif émerge sans que l’on ne soit renseigné sur la vie privée du sujet.
Chaque élève est doté d’une sensibilité propre, sans être réduit à un archétype manichéen. Carla, bien que semblant confrontée à la fin imminente de sa carrière, refuse de céder à l’amertume. Malgré ses moments de vulnérabilité, elle conserve son sang-froid et demeure respectueuse de sa fonction professionnelle.
L’empathie envers Carla n’est pas obtenue par des effets larmoyants et grandiloquents mais par une approche psychologique intimiste et profonde. Les événements se succèdent sans artifices scénaristiques excessifs, grâce à un script intelligente qui évite toute maladresse. Le film se mue progressivement en une expérience oppressante, tandis que Carla, peu à peu, se voit accablée par des jugements défavorables, devenant ainsi la proie d’une vindicte collective.
La Salle des profs est un cauchemar éveillé plausible, où la confrontation directe avec le sujet suscite une réaction émotionnelle puissante chez le spectateur.
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