Michel Gondry ne va pas bien dans sa tête : bloqué à l'âge de 12 ans (10 ?), incapable de gérer ses relations amoureuses, familiales et sociales, il s'est réfugié depuis des années dans la création d'univers oniriques dont l'aspect bricolé et poétique ont séduit - dans ses clips - le monde entier. "La Science des Rêves" est une tentative très émouvante sinon de résoudre, tout au moins de s'expliquer - face à celle qu'il aime et ne l'aime pas - quant à cette incapacité. C'est aussi un pari sur le fait que ses obsessions génèreront à la fois une oeuvre (sinon d'Art, du moins de "travail manuel") et de l'amour. Le spectateur peut alors choisir de se laisser entraîner dans la joyeuse (ou peut-être pas tant que cela...) pagaille qui règne dans la tête de Gondry et donc sur l'écran, ou bien de rejeter ce cinéma du n'importe quoi, qui fonctionne autant à l'énergie qu'au malaise. Heureusement, Gondry est aussi un très fin directeur d'acteurs, et ce sont ces derniers qui, sur le fil, font que la vie existe au milieu du carton ondulé.
[Critique écrite en 2007]