Après "La mariée était en noir", "La sirène du Mississipi" est la seconde adaptation par François Truffaut d'un roman noir de William Irish, dont l'action est transposée sur l'île de la Réunion.
Louis, un riche industriel local, attend impatiemment l'arrivée d'une jeune femme, dont il a fait la connaissance par petite annonce, au point d'être prêt à l'épouser sans l'avoir jamais rencontrée. D'ailleurs, la photo ne correspond pas à la demoiselle, mais qu'importe, Louis est immédiatement tombé sous le charme...
Entre thriller psychologique et drame sentimental, les deux héros vont se perdre et se retrouver au gré des hasards de l'existence, ou peut-être du destin.
Chaque voyage dans une nouvelle contrée est l'occasion pour Truffaut de filmer des images magnifiques, de la Réunion luxuriante à la Suisse enneigée, en passant par la Côte d'Azur.
La photo du film est superbe, et la mise en scène soignée : on est déjà loin du côté spontané et à l'arrache des débuts de la Nouvelle Vague...
"La sirène du Mississipi" traite des rapports homme-femme, et de la force du sentiment amoureux, en égratignant certains excès de la société moderne, qui contribue à faire de la femme une croqueuse de diamants - comme le déplore Belmondo dans une tirade pleine d'amertume.
Un Belmondo convaincant, en parfait contre-emploi de ses futurs rôles de flic viril et gouailleur : son personnage apparaît doux, fragile, romantique, et Bebel surprend agréablement dans ce registre de l'émotion.
Quant à Catherine Deneuve, elle est ravissante, plus belle que jamais dans l'un de ses meilleurs rôles, ambigüe et déterminée, sans fausse pudeur à l'image de ces deux scènes topless (fait rarissime au cours de sa carrière).
Seul bémol, le film comprend pas mal de longueurs, la faute à un rythme assez languissant (en accord avec le climat tropical dans la première heure...), mais "La sirène du Mississipi" mérite assurément le coup d'œil, ne serait-ce que pour le face à face Belmondo - Deneuve.