Le mariage doit-il être réservé à un homme et une femme ? Les enfants ont-ils besoin d'un père et d'une mère pour s'épanouir ? Peuvent-ils vivre avec pour parents deux femmes ou deux hommes ? La sociologue Irène Théry raconte à son fils les enjeux d'un projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. De l'automne 2012 au printemps 2013, une véritable bataille agite l'opinion, opposants et partisans du mariage pour tous rivalisent dans les médias, à l'Assemblée nationale et dans les rues. Les thèmes de la famille, du mariage et de la filiation deviennent concrets et intimes quand Mathias Théry et Étienne Chaillou choisissent qu'un fils donne la parole à sa mère. Le refus du jargon sociologique de l'universitaire est décisif. Mathias questionne, enregistre ses conversations téléphoniques avec elle. L'échange devient naturel et familier, pédagogique mais à la portée de tous.
De ces récits nait un théâtre de peluches, de cartons et de bouts de ficelle. Les marionnettes imposent leur univers poétique. Très sympathique, la souris Irène raconte à l'ourson Mathias d'une voix douce que l'idée de mariage et sa réalisation concrète furent très différentes pour sa grand-mère, sa mère et elle-même. L'idéal bourgeois du mariage remontant au XIXe siècle cachait des réalités dérangeantes (virginité des filles, bordel pour les garçons, adultère, bâtardise). Elle n'est qu'une forme datée et temporaire de famille, de mariage et de filiation. D'autres marionnettes incarnent François Hollande, filmé également avec des spécialistes de la famille à l'Élysée. Frigide Barjot milite et s'agite entre deux manifs à ballons de baudruche roses et bleus. Les tensions s'exacerbent. Des oiseaux journalistes interviennent dans des scènes ludiques bienvenues.
Après les éloges, j'en viens au point faible du film. La sociologue et les réalisateurs ignorent le rôle de la religion. Pourquoi les défenseurs du mariage religieux (chrétien, juif, musulman) n'ont-ils jamais la parole ? Et Dieu dans tout çà ? Le mariage civil serait-t-il le seul ? Un "oubli", un "impensé" révélateurs ! La censure politiquement correcte crève les yeux. La moitié des mariages aboutissant à des divorces, le fondement religieux du mariage a beaucoup perdu de sa crédibilité. Mais parce qu'il manque une dimension spirituelle à une telle union, on se marie encore à l'église, à la mosquée ou à la synagogue. Le mariage religieux existe : passons le message aux universitaires et aux "spécialistes" peu objectifs.