Une fois sorti de la salle, je me suis senti un peu con et misérable sous la pluie glacée.
Je venais de me faire piéger.
Cette frontière entre bien et mal était devenue bien plus floue que je ne le croyais.
ça montre bien le génie de ce film, qui se déroule sur cette frontière entre Mexique et Etats-Unis, coeur de nombreux conflits.
Et que pouvait-on faire de mieux que débuter ce film par un magnifique plan-séquence nous faisant traverser cette frontière ?
Si l'histoire initiale peut paraître simpliste, la technique de Welles le transforme en une oeuvre unique.
L'utilisation du son et de la musique créent une ambiance en même temps festive et malsaine de cette ville-frontière, où tout ne semble être qu'une pièce de théâtre grandeur nature. Chaque personnage n'est pas qui il est vraiment, il doit montrer une apparence de lui-même pour survivre dans cet environnement hostile. Il doit vendre une partie de lui-même pour faire respecter ses valeurs.
La première apparition de Quinlan révèle l'un des personnages les plus magistraux que le cinéma ait pu me montrer. Ce visage détruit par son passé et par l'alcool montre un homme malgré tout à la recherche d'une raison d'exister et de son futur. Mais comme va lui dire la voyante jouée par la mystique Marlène Dietrich, il n'a pas de futur.
Sa confrontation avec le mexicain Vargas va monter en crescendo pour rendre notre chute plus violente.
Alors je me retrouvais perdu dans le froid de la nuit, sans aucun repère. Je ne savais plus faire la différence entre bien et mal. Mais je n'étais plus seul, Orson Welles venait d'éclairer quelque chose en moi.
J'apercevais Marlène qui me disait Adios, me laissant seul avec mes questions sans réponse.