Ombre devient lumière, la pénombre régnait partout, c'était à la fois grandiose et lugubre
Difficile de rédiger une critique sur un film aussi impressionnant. La réalisation, analysée et décortiquée des zillions de fois sur SC et ailleurs saute aux yeux par sa minutie et sa perfection, tant pour les gros plans que les plans séquences plus larges. Précision: j'ai vu la version de 1h55.
Je pense évidemment aux premières minutes à l'effet estomaquant. C'est mon premier Orson Welles et je n'aurais pas pu rêver mieux comme premier contact. Certains trouvent que voir le couple de jeunes mariés se balader dans la rue animée fait oublier la voiture piégée. Mais personnellement j'étais crispé de voir le couple involontairement collé à celle-ci pendant tout le plan ou presque, craignant que l'explosion ne les blesse. L'utilisation du plan séquence augmente la tension et l'attente.
La tension se fait moins ressentir pendant le développement de l'intrigue, traduisant bien la fausse enquête menée par le Captain Quinlan. Orson Welles est d'ailleurs fabuleux dans son rôle de vieux ripou alcolo, incompréhensible sans les sous titres. Au moment où Vargas commence à comprendre ses méthodes, la tension est de retour. L'anti manichéisme est d'ailleurs savamment exprimé par Welles. Parallèlement Mme Vargas vit quelques aventures peu agréables, mais il faut bien avouer que le personnage a un pois chiche à la place du cerveau.
Il y a encore tellement de choses à dire sur Evil Touch et son utilisation lumineusement noire de la lumière, la force tendre de Janet Leigh, le très bon Charlton Heston, l'impressionante Marlene Dietrich (jeu exceptionnel mais j'aurais du mal si son personnage apparaissait plus), la confrontation qui ne quitte jamais la scène, la machination, et les dernières minutes tout simplement sensationnelles. Malgré toutes ses qualités et finesses, le film est plus qu'abordable et pas élitiste pour un sou.