Je viens de voir la version remontée en 1998 selon les indications de Welles, je n'ai pas vu la version de base, mais là, c'est tout bonnement génial. Welles est énorme, au sens propre comme au figuré : une performance d'acteur impressionnante, et une réalisation magistrale.
D'abord le plan-séquence de départ, absolument bluffant, génialissime, il n'y a pas d'autre mot. Et puis, tout au long du film, des cadrages extraordinaires, des plongées et contre-plongées admirables, de grandioses jeux de lumières. Une utilisation très fine de la musique. On est ébahi à chaque instant, ça n'arrête pas. Du cinéma à l'état pur, comme on dit.
Tous les acteurs sont excellents, notamment Welles, la superbe Marlène Dietrich et l'impeccable Charlton Heston, mais aussi Janet Leigh, Joseph Calleia ou encore l'étonnant veilleur de nuit joué par Dennis Weaver.
De plus, ce film n'est pas qu'un polar, c'est aussi un film politique, dénonçant le sentiment de supériorité des Américains et leur racisme envers les Mexicains, très présent tout au long du film (ex : métèques » ; « rentrons en pays civilisé »).
Un film sur la frontière, qui ici est une passoire et est un peu artificielle, si ce n'est pour renverser un cliché, manifesté par l'opposition entre les personnages incarnés par Orson Welles (le policier américain) et Charlton Heston (le Mexicain) et représentant deux conceptions opposées de l'action policière et de la justice : l'intuition ou la preuve, la torture ou le droit, les abus et arrangements ou la loi.
Bref, un véritable chef d'œuvre, à voir et à revoir.