Parce que mieux vaut tard que jamais, me voilà donc au lendemain de ma première expérience cinématographique du pourtant célébrissime Orson Welles...
Et vraiment, La Soif du Mal commence très fort ! Un plan-séquence en travelling-arrière absolument fabuleux où se croisent déjà nombre de ses protagonistes ouvre ce policier qui, je vais peut-être me faire tirer la moustache, m'a très vite fait penser à ce que feront souvent les frères Coen, avec une galerie de personnages truculents ou loufoques au milieu d'une atmosphère assez noire. Une introduction sur fond d'attentat m'ayant laissé bouche-bée.
Des personnages étonnants donc, avec pour premier choc celui de découvrir un Charlton Heston moustachu campant un flic mexicain intègre (faut pas déconner non plus) marié à une sublime américaine interprétée par Janet Leigh - qui malheureusement ne sera peut-être pas toujours très bien exploitée. Il y a aussi l'oncle Grandi, sorte de parrain local décalé à la moumoute volage, mais surtout l'impressionnant commissaire américain incarné par Orson Welles lui-même, sorte de géant devenu obèse depuis son prétendu sevrage au sucre. Quel charisme ! Sans oublier celui des remarquables apparitions de Marlène Dietrich en diseuse de bonne aventure. A contrario, les neveux Grandi et le peureux du Motel m'ont passablement exaspéré...
L'histoire tournera donc autour de cet attentat à la voiture piégée faisant un millionnaire pour victime. La fille héritière de cet homme et un vendeur de chaussures, sur les lieux du crime, deviendront les suspects idéaux du commissaire local. Le policier mexicain en voyage de noces dans cette juridiction américaine (nous sommes à la frontière) s'intéressera de très près à l'affaire, se rendant vite compte que le commissaire voudra hâtivement la résoudre en usant de méthodes peu scrupuleuses... Les tensions entre les deux territoires ne cessant de grimper. Dès lors, les coups montés se succèderont jusqu'à ce que le policier mexicain et sa femme se retrouvent accusés de meurtre.
Evidemment, le plus intéressant dans cette affaire, c'est qu'Orson Welles fait jouer le beau rôle à un mexicain (même si c'est Charlton Heston lol) pour dénoncer et même faire la morale au système corrompu américain, si souvent prompt à faire lui-même la leçon au reste du monde. Ceci dit, La Soif du Mal ne fait pas un sans-faute : on a un horrible faux-raccord dans la salle des archives, quelques rôles irritants donc, des longueurs aussi (au Motel notamment), ainsi qu'un dénouement relativement attendu, mais surtout trop facile (pas besoin de faire un dessin), alors que cette dernière séquence aurait pu être parfaite...
Mon problème, c'est que je trouve tellement de qualités au film que je ne saurais pas forcément dire pourquoi il ne m'a pas plus accroché que ça... La mise en place un peu longuette peut-être ? A moins qu'il ne s'agisse du scénario, pas assez surprenant et trop téléphoné, malgré ses quelques scènes majeures ? Difficile à dire mais, quoi qu'il en soit, ce premier Orson Welles ne sera certainement pas mon dernier, vu le talent du bonhomme ! ;)
7,5/10