Au XIVème siècle dans la campagne suédoise, Karin la fille d’un riche fermier se rend en ville pour y apporter des cierges à l’église. Sa route croisera celle de deux chevriers aux intentions douteuses. Ces derniers, après avoir partagé un repas ensemble, la violeront et l’assassineront.
Ingmar Bergman (Le Septième Sceau - 1957) réalise ici un conte médiéval à la fois beau et terrifiant. Une rencontre décisive en pleine forêt, celle d’une jeune fille pure et innocente qui va partager son repas avec deux chevriers accompagnés de leur jeune frère. Les plus âgés, après s’être rassasiés, commettront l’irréparable avant de trouver refuge dans une ferme dont les propriétaires ne sont autres que les parents de la jeune Karin.
Ce qui frappe la rétine en premier ici c’est la sublime photographie de Sven Nykvist, magnifiant chacun des plans du réalisateur. Ce dernier réalise ici un drame d’une puissance redoutable et où la foi y a une place prépondérante. C’est d’ailleurs par ce biais que l’on assistera à une féroce opposition entre le Bien et le Mal. Filmé en noir & blanc, avec une volonté de faire simple, dénué du moindre artifice et avec une économie de dialogue, ce qui impressionne avec La Source (1960), c’est que tout se joue à travers le regard de ses protagonistes. Que ce soit Karin, Töre (le père), Märeta (la mère), Ingeri (la soeur adoptive) ou les frères Herdsman, les scènes de se passent de commentaire, entre la puissance des silences et les émotions qui se lisent dans leurs regards, certaines scènes en deviennent même sidérantes.
Sans oublier la prestation marquante & inoubliable de Max von Sydow qui est tout bonnement impressionnante (à l’occasion d’une séquence marquante, il laissera éclater sa rage et sa colère intérieure en déracinant un arbre à mains nus).
En posant les bases matricielles de ce qui deviendra quelques années plus tard, un nouveau sous-genre cinématographique (le rape and revenge), Ingmar Bergman ne laisse clairement pas indifférent et se verra même récompensé par le Grand Prix de la critique au festival de Cannes en 1960 et recevra l’Oscar du meilleur film en langue étrangère l’année suivante.
Si l’intrigue vous en rappelle une autre, c’est bien normal, puisque le cultissime La Dernière maison sur la gauche (1972) de Wes Craven en est le remake.
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➽ Film vu dans le cadre d’une thématique « Rape and revenge »