La source, c'est d'abord le miroir de Dieu.
Celui qui nous est proposé par Jesus sur la croix. Par Odin dans les violences qu'il déchaine.
C'est celui de la foi qui se montre sous un visage :
- naïf (la fille),
- aveugle (la paysanne Ingeri),
- bienveillant (le père),
- dévot et mystique (la mère).
Pour nous montrer toutes les formes de la foi, Bergman en utilisant un conte médiéval nous propose ainsi le film qui explore le plus le thème de Dieu et de la religion.
La source, c'est aussi le talent de Bergman dans l'art d'exploiter le Noir et Blanc.
Le clair obscur est sa marque de fabrique, que ce soit sur les scènes nocturnes d'intérieur ou les gros plans des visages.
La source, c'est évidemment une scène polémique comme le cinéma en a tant servi.
Le viol de la jeune Karin par des paysans miséreux
De nombreux auteurs ont senti la nécessité de mettre en scène l'acte et ses conséquences.
A commencer Kurosawa (Rashomon) ou encore Kubrick (Orange mécanique).
D'ailleurs, Bergman dira lui-même qu'il s'est inspiré maladroitement du réalisateur japonais.
Pour autant, le sordide a-t-il la même puissance lorsqu'il est suggéré ou montré ?
Pour finir, La source est donc surtout une déclinaison d'innombrables visages des principaux acteurs :
- Max von Sydow dans le rôle du père, dont le visage passera tout au long du film par moult émotions faciales,
- la jeune Birgitta Valberg, angélique et maligne puis ravagée et perdue,
- Gunnel Lindblom, paysanne inculte qui traduit pourtant si bien les tourments de l'âme.
En résumé, une oeuvre intéressante sous bien des points de vue.
Mais qui ne possède pas :
- la puissance que les films précédents Les fraises sauvages ou Le septième sceau
- l'inventivité des approches thématiques plus tardives telles que À travers le miroir ou Persona