Le Carré de l'hypothèse nue
N'en déplaise à certains, oui, il m'arrive d'apprécier un film récent, la preuve ici, dans une très jolie tentative pour ressusciter les grands films d'espionnage des 70's, entre Ipcress et Human Factor...
John le Carré surveille de près cette adaptation du premier tome de sa trilogie de Karla, publié en 1974. Producteur exécutif et même figurant, on imagine qu'il n'est pas pour rien dans le grand respect rendu ici à l'oeuvre original. A la base, une hypothèse, vraie ou fausse, mais présentée dans sa plus grande nudité : les services secrets britanniques sont infiltrés à son plus haut niveau. Le film raconte la traque de cette prétendue taupe.
Admirateurs dégénérés des hystériques Jason Bourne, passez votre chemin au plus vite et, d'ailleurs, arrêtez de me lire aussi sec... Ici, point de fusillades ridicules, pas de combats grotesques, nulle poursuite en voitures barbante, pas trace de caméra épileptique ni de montage de charcutier parkinsonien...
A la place, élégance de la mise en scène, soin apporté à la photographie, intelligence du cadrage, un vrai beau travail comme on ne sait plus en faire... Il faudrait être le dernier des barbares pour prendre prétexte de cette réalisation civilisée pour justifier un hypothétique ennui que l'intelligence du montage et le palpitant du propos rend peu crédible. Précisons aussi, comme le remarque si justement Kalian, que, pour peu qu'on soit doté d'un cerveau pas trop avarié, l'intrigue n'a rien d'alambiqué ou d'incompréhensible...
Avec ça, un casting très classe, avec un Gary Oldman parfait en Smiley qui semble enfin avoir appris à jouer avec subtilité. Mark Strong confirme de plus en plus une vraie présence que ses rôles habituels ne permettaient pas de développer totalement et le reste de la troupe est de l'avenant.
A noter que la taupe, c'est le plus laid, bon, ça ne vous aide pas, ils sont tous répugnants...
Ca donne envie de retrouver tout ce beau monde dans une adaptation de Comme un collégien ou des Gens de Smiley en tout cas. Le film est tellement chouette qu'on oublie aisément deux trois petites maladresses ici ou là, des séquences au collège moins bonnes que prévu, un Tom Hardy avec de drôles de lèvres, ce genre de choses...
Mais bordel, qu'est ce que ça fait du bien, tout de même, un vrai film.