« La Taupe » est apparu dans nos salles le huit février dernier. Il s'agit d'une adaptation d'un roman de John Le Carré dont le titre original est « Tinker Tailor Soldier Spy ». Je n'ai pas lu ce bouquin. Je me garderais donc de toute comparaison avec l'œuvre qui a inspiré ce film. D'une durée proche de deux heures, ce dernier est réalisé par Tomas Alfredson dont la reconnaissance date de la sortie de « Morse ». Je ne l'ai pas vu et découvrait donc cet opus sans aucun impression préalable. Un des attraits non négligeable de ce « La Taupe » est la qualité de son casting. En effet, Gary Oldman, Mark Strong, John Hurt ou encore Colin Firth sont à l'affiche de cette production à la fois française, allemande et britannique.
L'histoire se déroule dans les années soixante-dix. La Guerre Froide est au centre de tout. Les services britanniques soupçonnent que le MI6 ait été infiltré par une taupe au service des soviétiques. Le gouvernement décide donc de réembaucher dans l'ombre George Smiley, récemment mis à la retraite. Sa mission est d'enquêter pour vérifier la véracité de cette information et surtout pour déterminer quel est l'agent double qui met en danger le Royaume...
Son titre est sans équivoque. Il s'agit d'un film d'espionnage. Il s'adresse donc aux adeptes du genre. Il ravira les spectateurs qui aiment bien deviner quel est le méchant. C'est toujours gratifiant de pouvoir dire en sortant de la salle : « J'avais deviné que c'était lui ! ». « La taupe » a complètement ce profil. Les règles sont clairement exposées. Il y a cinq personnes susceptibles d'être l'agent double. Les pions étant en place, il ne reste plus qu'à démarrer le jeu. Une chose est sûre, le chemin vers le dénouement sera semé d'embuches. C'est une caractéristique des histoires nées de l'imagination de John Le Carré.
Le fait que le film s'inspire d'un roman de cet auteur fait qu'il apparait très narratif. Certains le jugeront trop bavard. Ce n'est pas mon cas. En effet, j'estime que c'est la loi du genre. Il faut savoir en accepter les règles avant de se lancer dans ce type de scénario. Il s'agit d'un film d'espionnage à l'ancienne. L'enquête est la seule finalité de l'intrigue. Elle ne sert pas de support à des scènes d'action ou à une idylle romantique. La mission de Smiley est au final le seul attrait du film et les intrigues secondaires qui nous sont contées ne servent qu'à la mener à bien. Aucun de ses histoires n'est parallèle ou inutile. Toute phrase, tout événement, toute rencontre apporte sa pierre à l'édifice qui se construit devant nous. Cela offre un film sans temps mort. Mais à l'opposé, cela nous oblige à une concentration extrême pour ne pas perdre le fil devant la densité du propos. Cela offre donc une histoire prenante mais un moment finalement assez loin de la détente.
Je ne détaillerai pas particulièrement le scénario car cela serait gâcher une partie du plaisir et c'est loin d'être mon souhait. Par contre, je peux vous dire que reconstitution de l'époque apparait sérieuse et appliquée. N'ayant pas vécu à cette époque-là, je peux juste vous dire que l'atmosphère qui se dégage du film ressemble à celle qu'on trouve dans les films de cette époque. On prend donc un réel plaisir à ce petit voyage dans le temps. Que ce soit les couleurs, les lieux, les objets ou les personnages, tout fleure bon les seventies. Sur ce plan-là, le travail du réalisateur est évident et mérite d'être remarqué. Il ne se contente pas d'accompagner le scénario, il l'habille et lui offre une forme au fond qu'il possède déjà.
A cela s'ajoute un casting haut de gamme. Gary Oldman incarne Smiley et lui donne une profondeur avec finalement un minimum d'attitude. Il s'agit d'une interprétation toute en retenue qui offre un résultat de grande qualité. Les seconds rôles sont également brillamment incarnés. Je ne vais pas vous faire une nouvelle fois la liste des acteurs mais le talent de chacun donne ici une ampleur certaine à l'histoire. Il participe ainsi parfaitement à cette atmosphère de huis clos gravitant autour de cette cellule des services secrets britanniques. Malgré le fait qu'on suive une enquête mettant en jeu les relations entre des pays, nos tribulations quittent finalement rarement cette antenne du MI6. La densité du propos est mise en valeur par des acteurs de grande qualité. Heureusement que c'est le cas car la complexité narrative n'aurait pas survécu à une interprétation moyenne qui nous aurait sorti du film. Les différents interprètes de « La Taupe » nous aide à suivre toute la complexité des réflexions de Smiley.
En conclusion, « La Taupe » est un film honnête d'espionnage. Ses points positifs résident dans un scénario dense, une interprétation de grande qualité et une reconstitution de l'époque travaillés. Les bémols qu'on peut lui trouver est un côté un petit bavard et un rythme finalement qui manque de rebondissement. La narration est régulière et aurait gagné à nous offrir plus de variation d'intensité pour nous captiver davantage. Au final, ce film plaira aux adeptes du genre. Par contre, les fans de film d'action devront passer leur chemin. Ils risquent d'être déçus du voyage et regretter un bon blockbuster plein d'explosion et de poursuite. Mais il faut de tout pour faire un monde...
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