Ce doit être une expérience particulièrement éprouvante que de se retrouver enfermé entre quatre murs, harcelé en permanence par des professionnels exerçant très mal leur métier, en attendant une libération qui semble ne jamais devoir venir.
C'est d'ailleurs, ironie mordante, une description assez fidèle de mon ressenti au visionnage de La tête contre les murs.
Quatre-vingt dix minutes qui semblent ne jamais devoir finir, jusqu'à l'apparition salvatrice du mot Fin, l'ouverture des portes et la fuite de la salle de ciné.
Avant cela, il faut subir les cacophonies grotesques de Maurice Jarre, le "jeu" pathétique d'Anouk Aimée et Jean-Pierre Mocky, dont je n'aimais déjà pas le personnage public, dont je n'ai vu aucun film, mais surtout dont la performance d'acteur est, pour rester poli, peu convaincante.
L'histoire est soporifique au possible, enrobée dans des dialogues complètement convenus et qui se voudraient profonds sur la condition humaine. Seuls surnagent dans ce miasme Paul Meurisse, toujours impeccable malgré un personnage sans le moindre intérêt, et Pierre Brasseur avec sa voix d'outre-tombe et son cynisme assumé.
Ce n'est certes pas la complexité dans l'écriture des protagonistes qui vont empêcher de s'endormir, ce que n'a pas manqué de faire ma voisine, et j'avoue humblement ne pas être passé loin moi non plus, alors que c'est seulement le premier jour du Festival Lumière 2017, pour le second d'une liste de 35 films.
Le film était présenté par Guillermo Del Toro, qui s'est appliqué à vanter les qualités formelles du travail de Franju, et combien il savait mettre son passé de documentariste au service d'une mise en scène sobre, d'un travail sur la crédibilité et le réalisme des situations.
Je ne sais pas si c'est réaliste, mais où des films comme Vol au-dessus d'un nid de coucous avaient su créer de l'empathie pour les résidents de l'asile, il y a ici un travail de sape minutieux, un acharnement à rendre ses personnages particulièrement creux, lisses et au final complètement déshumanisés pour certains quand ils ne sont pas franchement détestables, cf. l'introduction autour du personnage de Mocky.
Nous nous félicitions de ne pas avoir de films russes totalement hermétiques et chiants cette année, c'était sans compter sur la concurrence féroce de certains compatriotes.
Paraît que Les yeux sans visage est un petit chef-d'œuvre. J'ai hâte de donner une seconde chance à Franju, parce que cette première expérience est un cuisant échec, un fiasco particulièrement douloureux.