D'un côté, je ne peux m'empêcher d'être frustré par cette romance à la fois sans grand intérêt et très peu crédible, amenant à une conclusion du même acabit et donc logiquement plutôt décevante. De l'autre, difficile d'être insensible au portrait dessiné par Emmanuelle Bercot : sans (grande) concession, fort, intense, douloureux voire déchirant par moments, ce parcours éducatif se déroulant sur une douzaine d'années, en plus d'être bien renseigné et instructif (notamment quant aux structures mises en place pour ces jeunes en « difficulté »), s'avère extrêmement juste dans la représentation du héros et de ceux qui l'entourent. La juge, l'éducateur, la mère... Tous sont montrés avec nuances afin de ne jamais être idéalisés, ce qui les rend d'autant plus intéressants, offrant ainsi une vraie vision d'ensemble sur un sujet finalement peu traité au cinéma.
Enfin, la réalisatrice parvient habilement à mettre en évidence l'aspect extrêmement fragile de ce travail de réinsertion, la rechute pouvant intervenir à n'importe quel instant, et parfois de façon extrêmement violente... Au final, malgré ses faiblesses et quelques errements musicaux (compensé toutefois par le somptueux trio op. 100 de Schubert), « La Tête haute », fort également d'un casting convaincant (le quatuor Rod Paradot - Catherine Deneuve - Benoît Magimel - Sara Forestier est à la hauteur), a des choses à dire et le fait avec l'intelligence et le recul nécessaire : cela aurait pu être encore mieux, mais c'est déjà pas mal.