Dès les premières secondes, La Tortue Rouge nous happe dans un monde étranger et accueillant, où le naufragé, se retrouve seul sur une île, confronté à la nature et à la solitude. Reprenant le mythe de Robinson Crusoé, ce long métrage fait preuve d'une grande délicatesse aussi bien dans sa forme que dans son fond, ce qui fait d'elle une oeuvre très poétique.
Choisir de ne pas encombrer le film d'une intrigue trop sophistiquée peut se justifier pour laisser une place plus grande à l'esthétique du dessin, mais ici un scénario un peu mieux construit aurait été le bienvenu. J'ai eu l'impression que le dessinateur essayait non pas de raconter une histoire mais plus de montrer sa palette de jeu, qui est d'ailleurs impressionnante, comme un prétexte en mettre plein la vue aux spectateurs.
Cependant, on peut aussi considérer que l'histoire de la vie est la plus belle histoire que l'on puisse raconter, parce que qu'elle redéfinit l'essence de l'existence, c'est à dire l'amour et la nature. Michael Dudok de Wit le défend très bien à travers des personnages délicats, des paysages grandioses, et des scènes riches en émotions.
Le choix de la BO est, par ailleurs, une vraie réussite : elle nous envoûte jusqu'après la fin de la séance. Avec une musique aussi expressive, les dialogues ne sont pas nécessaires.
Entre rêve et réalité, le dessinateur enveloppe le spectateur dans un univers mystérieux, empreint d'onirisme et qui l'invite irrésistiblement à la contemplation.