Vers le néant
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le 8 févr. 2023
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La Tour est une sorte d'Ange exterminateur des enfers, fait à Aubervillier, et semble rappeler The Divide. On suit l'impact, sur les habitants d'un immeuble, d'un soudain et inexpliqué voile noir qui s'abat sur la tour, empêchant toute personne de sortir. Tous ceux voulant le traverser sont immédiatement désintégrés.
Franchement, j'avais envie d'y croire ! Le pitch était intéressant, même si ça peut sembler barbant de miser sur l'image du confinement. De plus, le film est passé par Deauville et Gérardmer et il a eu une bonne critique des Cahiers du cinéma. Mais au bout de 2 minutes, j'ai commencé à me décomposer. Le film commence avec une musique bien sombre et angoissante sur des images affreuses pour nous faire comprendre bien lourdement qu'on va être dans un film trop angoissant. Et en parlant d'images affreuses. J'ai rarement vu une photographie aussi immonde. C'est dégueulasse. Je vois déjà des malins dire qu'il est logique d'avoir une photo désagréable pour un film cherchant le malaise. Mais non, là, c'est une faute impardonnable de goût. La photo ne me fait pas ressentir de malaise par ses teintes et couleurs, mais seulement un dégoût.
Le film débute directement avec le voile qui s'abat sur la tour. C'est cool, on ne perd pas de temps, on est surpris, comme les personnages, de la soudaineté de l'événement, mais on nous fait directement le coup du téléphone qui n'a pas de réseau... Ça devrait être illégal d'écrire ce genre de connerie dans un film fantastique en 2023. À partir de ce moment-là, le film est mort pour moi. C'est con, cliché et éculé.
Mais bon, il reste encore 1 h 20 de film. On nous introduit alors à une ribambelle d'acteurs au jeu catastrophique. Heureusement, les pires meurent en premier. Et franchement, les personnages en tiennent une sacrée couche. Ils sont déjà tous cons et antipathiques dès le départ. Ça aurait été intéressant de partir de gens bons pour voir comment une situation extrême révèle leur vraie nature. Mais non. Comme on a une flopée d'abrutis à deux neurones, qu'est-ce qui se passe ? Eh bah au bout de 10 minutes, ils ont déjà buté un mec. La survie va être laborieuse avec des gogols pareils. C'est vraiment insupportable. Personne ne cherche à se poser deux minutes et à réfléchir. Dès que c'est merde, c'est la guerre, le gardien est buté. Serait-ce une métaphore moisie de l'ordre qui s'effondre ? Si le but est de parler de la folie durant le confinement, c'est clairement à côté de la plaque.
La vie dans la tour s'organise rapidement sous forme de clans. Et ce sont des clans ethniques, les blancs avec les blancs et les noirs avec les noirs. Et en plus, les persos font consciemment ce choix de se séparer sur la base de la couleur de peau. Bon là, je ne sais pas quoi dire. C'est quoi l'objectif ? Parler de racisme. On s'en fou royalement. Les mecs font face à une situation extraordinaire et la réaction première (après avoir buté le gardien, toujours la première chose à faire quand on a un souci dans la vie !) c'est de se dire "les blancs ensemble et les noirs ensemble". Je vais passer là-dessus. Je vais laisser aux plus grand philosophes et sociologues la charge de m'expliquer ces comportements mystérieux de l'être humain. On a aussi un traitement surréaliste des femmes. Tantôt simple objet sexuel, puis poule pondeuse. Le réal semble vouloir faire un retour à l'état de nature bestial de l'homme à travers une spirale infernale. Mais franchement, c'est d'un cynisme digne d'une crise d'adolescent émo-gothique. Le délire horrifique vire à la farce.
Il y a bien une piste que j'ai trouvé sympa. Il y a une tentative de s'échapper du bâtiment par le sous-sol, mais même sous terre le voile noir existe. Sauf que les persos ont encore l'eau et l'électricité donc je me dis que la tour est bien reliée à l'extérieur. Pendant une partie du film, je me suis dit que l'un des personnages aurait une illumination qui aurait permis de trouver la faille dans le voile noir, puis je me suis souvenue qu'on était dans un film où les persos utilisent des joints comme monnaie d'échange. C'est sûr qu'ils ne vont pas aller bien loin.
Le film vrille plus vers le post apo en fin de compte. Et donc on va nous sortir les trucs les plus éculés du genre. On brûle des billets pour signifier que ça n'a plus de valeur et après, on se met à faire du troc avec des choses d'apparences futiles, mais qui ont pris de la valeur (du sucre mdr). Le sexe devient monnaie d'échange. On se met à bouffer des animaux. On redevient primitif. On s'invente une nouvelle foie bizarre. Les peaux pourrissent... Et en vrai ça commence à marcher sur la fin. Les ellipses nous enfoncent de plus en plus dans la spirale infernale. L'enferment, la lumière qui baisse, les personnages qui disparaissent du récit sans explication. Tout ça commencent à nous troubler. On se demande jusqu'où ça va aller. Et là... Le film s'arrête... Bordel ça commençait à devenir intéressant, le sentiment de désolation, de décrépitude commençait à nous envahir. Mais non, on va plutôt nous mettre le générique de fin. Bref, au final, on apprend qu'en situation extrême la vraie nature des abrutis se révèlent au grand jour pour nous montrer que ce sont des abrutis.
Créée
le 16 févr. 2023
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