Le nord d’un Japon uchronique a fait scission et bâti une tour gigantesque aux caractéristiques paranormales. Inquiets, les États Unis se préparent à la guerre. Scientifiques et nationalistes nippons complotent pour détruire la Tour dont ils craignent d’éventuelles capacités létales.
Le très brillant et sauvage Takuya partage avec Hiroki une passion pour la Tour. En secret, les deux amis construisent un avion pour s’en approcher. Hiroki met dans la confidence Sayuri. Tous trois vivent un été merveilleux. Nous les retrouvons trois ans plus tard. La jeune fille a disparu. Takuya a rejoint l’armée, il y étudie la Tour. La narration se dilate, se perd dans les méandres du temps et les ellipses. Le futur se mêle au passé, la réalité à des univers parallèles.
Les images sont somptueuses. Pour son premier film, Shinkaï confirme les promesses de ses courts métrages. Jamais on ne vit plus beaux effets de lumière, lueurs et ombres portées du soleil et du cosmos, lueurs naturelles, électriques et oniriques, jeux de reflets dans le firmament, coucher de l’astre solaire, scintillement d’explosions lointaines. Les plus exigeants déploreront une animation encore imparfaite et des visages stylisés aux scarifications verticales surprenantes.
Sayuri a sombré dans un coma profond, elle rêve. Que dire du scénario ? Sinon, qu’il ne manque pas d’ambition. Il enchevêtre rêves prémonitoires et récurrents, cauchemardesques ou apaisants. Il imbrique les songes de Sayuri et Hiroki, tous deux éperdus de solitude. Kaguya découvre que les univers alternatifs sont les songes du cosmos… unis à ceux de ses deux amis. L’entropie progresse à chaque réveil de Sayuri. Doit-il pour sauver le monde sacrifier leur amie ? La jeune fille nage en pleine confusion, ses souvenirs chaleureux s’estompent au profit de songes solitaires et terrifiants, elle sème le trouble dans l’espace et le temps, erre dans un monde post apocaleptique. Les deux jeunes hommes se disputent, se réconcilient et achèvent leur avion.
Sayuri : « Je comprends. »
Pas nous.
Sayuri : « Mon Dieu, je t’en prie, laisse-moi juste le temps de lui dire combien je l’aime. »
Elle s’éveille et nous pleurons.
Sayuri : « J’ai tout oublié. »
Dommage pour nous.
Sayuri : « La vie commence ».
Tant mieux pour eux.