Ce que cette "Tour au-delà des Nuages" démontre amplement, c'est que l'anime japonaise n'a rien à envier au cinéma traditionnel en ce qui concerne l'intelligence de la mise en scène, la beauté des images ou la subtilité des sensations évoquées (merveilleuse suspension d'une soirée d'été qu'on souhaiterait éternelle) ou des sentiments (ici, la nostalgie liée à la fin de l'immunité de l'enfance, et la "crainte de perdre" quelque chose qu'on ne savait même pas posséder). Mais, ce que ce beau film un peu raté prouve aussi, c'est que tant d'aisance formelle et de talent dans le micro-détail ne saurait dispenser d'un scénario un peu cohérent, surtout quand on veut traiter de thèmes ambitieux comme d'une approche scientifique des mondes parallèles ou du développement d'une mystérieuse société "alternative" dans un présent uchronique. Faute d'être convaincus par un récit aussi brumeux, voire risible dans ses invraisemblances, il ne nous restera qu'à goûter cette ineffable mélancolie qui baigne chaque image. [Critique écrite en 2009]