Les films uchroniques, et les films sur le temps globalement, sont une catégorie que j'apprécie particulièrement. Réécrire le passé en y injectant un peu de magie et de fantastique, détourner des événements pour créer sa propre histoire, changer sa version des faits, etc., dans tous les cas, le contenu proposé se verra toujours original et intéressant puisqu'on y découvre une autre vision du monde, un présent alterné.
Et on sait que dans la main des japonais, le rendu est très souvent assez réussi (la traversée du temps), leurs films possédant toujours une ambiance plus orientale et plus festive (plus japonaise en quelque sorte) que ceux des autres pays.
C'est donc dans un Japon uchronique que va se dérouler le film "la tour au-delà des nuages". Après la deuxième guerre mondiale, l'Union a pris possession de l'île d'Hokkaido, au nord du pays, et y a construit une tour, gigantesque, visible depuis Tokyo, surplombant le ciel. Un mystère l'entoure, personne ne sait pourquoi elle a été construite, et dans le but de découvrir la vérité, deux enfants projettent d'y aller en construisant leur propre avion.
Avant tout, il faut savoir que j'ai vu la VF, ce qui est assez rare. Or, doubler un film d'animation japonais est plutôt compliqué puisque l'humour et l'ambiance intrinsèque au genre se perd si le doublage n'est pas de qualité. Ce qu'il n'est pas
C'est donc avec une certaine joie que je lance le premier long métrage de Makoto Shinkai. Sans doute un des concurrent de Miyazaki, son film commence assez lentement par plusieurs flashs backs servant à introduire la trame principale.
Malheureusement, le film n'arrive pas à sortir de la lenteur instaurée au début et garde le même rythme tout au long de l'intrigue. L'histoire n'avance pas vraiment et prend beaucoup de temps à démarrer sans jamais qu'on sache si elle a déjà commencé. Une voix off nous présente la situation du Japon et parle du passé des personnages, mais arrive un moment où on ne peut différencier le passé du présent. La narration est un peu vague, et se perd au final dans ses propres flashs backs sans que nous puissions deviner si ils parlent d'un vécu, ou de l'instant présent.
Ajouté à ça, les personnages sont peu attachants. Avec en plus un léger manque de visibilité et des noms pas très simples à retenir, le début est plutôt mauvais. Comme le chara-design des personnages n'est en plus pas très travaillé, lorsque leur coupe de cheveux change ou lorsqu'ils grandissent, on a du mal à les identifier.
Mais bon, ça s'oublie rapidement lorsque quelques passages viennent mettre l'eau à la bouche. Certains moments assez étranges, introduits de manière parfaitement fluide et naturelle, viennent allécher le spectateur, laissant présager une suite pleine de mystères. Le tout sans nous perdre dans des logorrhées scientifiques incompréhensibles, et des moments assez fort émotionnellement sans abuser du pathos, ça se regarde facilement.
Arrive le dernier tiers du film, cassant malheureusement toute l'ambiance et l'atmosphère instaurée. Ça commence avec deux-trois incohérences, deux-trois erreurs pour finir avec des dialogues bizarres décrédibilisant totalement l'objectif de départ. Alors avec la VF... C'est bien dommage, le début plutôt bien réussi s'efface sous la présence de ces incohérences. Du coup le climax se fait moins bien ressentir, malgré une fin qui tient ses promesses.
Les décors sont magnifiques et bien réalisés. Que ce soit la campagne, le ciel ou la mer, chaque image impose. Dommage que Makoto Shinkai n'ait pas poussé ça jusqu'aux personnages. Et nonobstant une animation légèrement décevante (surtout pour les avions qui paraissent presque fixes), j'apprécie l'effort mis dans le jeu de violon pour paraître réaliste.
Accompagné d'une musique tout simplement sublime, à la hauteur de Joe Hisaishi, et du fameux bruit de grillons qu'on reconnaîtra immédiatement, la bande-son fait largement son travail et permet même de combler certains défauts de la VF. Du bon travail de ce côté.
Bon. La Tour au-delà des Nuages n'est pas le meilleur film de Shinkai. Un peu trop long pour au final ne pas dire grand-chose, pas mal d'incohérences, mais à côté un univers bien travaillé, et des décors ainsi qu'une musique sublime, le principal défaut reste au final dans le scénario.
Fun : 7/10