Du sang sur la soie

Dans sa présentation de La troisième femme, le Festival international de films de Fribourg le décrivait "beau comme un foulard de soie qui essuie des larmes de sang." Ah oui, quand même ! Impossible de passer à côté de l'élégance et de la cruauté d'un film qui raconte, dans le Vietnam de la fin du XIXe siècle l'histoire de May, jeune fille de 14 ans mariée à un riche propriétaire terrien. Indubitablement, par son immense travail sur l'image et le son, La troisième femme rappelle, toutes proportions gardées, Épouses et concubines de Zhang Yimou. Il n'est toutefois pas question ici de compétition féminine, mais de leur condition précaire, dans une société on ne peut plus patriarcale. Le film pourrait presque se passer de dialogues car ceux-ci n'ont que peu d'importance par rapport au caractère visuel d'un film qui n'est quand même pas loin de tomber dans le péché d'un trop grand esthétisme. Le film oscille entre réalisme et mysticisme et s'il est d'une indéniable splendeur, il perd aussi de sa clarté narrative en se vouant trop à un symbolisme excessif. Déjà auteure de 8 courts-métrages, la jeune réalisatrice vietnamienne Ash Mayfair a livré une nouvelle version, muette et en noir et blanc, de La troisième femme, sous le titre de Between Shadow and Soul. Il y a peu de chances que l'on puisse la voir un jour sur nos écrans mais sait-on jamais ?