Le péplum "la tunique" est une belle réalisation d'Henry Koster qui s'appuie sur un roman de Lloyd Douglas qui a fait, outre celui-ci, plusieurs romans portés à l'écran comme le "secret magnifique " (Douglas Sirk).
L'histoire racontée dans "La tunique" est complètement fictive et s'appuie sur des évènements historico-religieux eux réels. Enfin certains évènements historiques sont bien un peu arrangés mais cela n'a que peu d'importance.
Le tribun Marcellus (Richard Burton) par provocation défie Caligula (Jay Robinson) au marché aux esclaves. La journée commençait bien pourtant pour Marcellus puisqu'il y acquière un esclave grec Demetrius (Victor Mature) er y retrouve une grande amie d'enfance Diana (Jean Simmons) à qui il avait jadis promis le mariage. La journée se termine moins bien puisqu'il est aussitôt envoyé en punition de son audace par Caligula en Palestine où il aura le redoutable et douteux privilège de crucifier Jésus.
Richard Burton est excellent dans le rôle d'un tribun romain qui va évoluer intellectuellement du début à la fin du film. Le personnage de Marcellus diffère du héros habituel du péplum en montrant la complexité d'un être face à des enjeux qui le dépasse, écartelé entre sa loyauté à Rome d'une part et une remise en question de ses valeurs.
Jean Simmons en fille d'une famille patricienne est aussi un personnage complexe car elle est partagée entre son amour pour Marcellus qu'elle porte depuis l'âge d'une dizaine d'années et la loyauté à sa famille qui veut la marier à Caligula.
Le scène où elle retrouve, par hasard, Marcellus est un modèle du genre en terme de délicatesse alors qu'elle se déroule en plein marché d'esclaves. Le contraste est assez saisissant comme une belle parenthèse dans un moment très peu romantique.
La scène finale est aussi un aboutissement magnifique du film où Marcellus et Diana se retrouvent complètement. Pas étonnant que cette scène soit reprise in extenso dans le générique des "Gladiateurs" de Delmer Daves qui constitue une suite.
Victor Mature est un second rôle dont le personnage présente une attitude révoltée par son état d'esclave et par sa haine face à Rome. Il évoluera vers la foi chrétienne. Son rôle est plutôt effacé dans ce film mais sa présence fondamentale. Ce sera donc naturellement qu'il deviendra le personnage principal dans les "Gladiateurs".
Michael Rennie joue le rôle de Pierre. La scène où il avoue à un Marcellus complètement torturé par son action lors de la crucifixion, sa triple trahison est intense dramatiquement.
Il n'y a que Jay Robinson dans le rôle de Caligula qui me parait un peu excessif dans son jeu. Il est trop "fou"; Un peu de mesure n'aurait pas gâché.
Richard Boone en Ponce Pilate correspond exactement à l'image qu'on se fait du gouverneur de Palestine puisqu'on commence à le voir se laver les mains ... Après l'entrevue avec Marcellus, il éprouve encore le besoin de se laver les mains. Heureusement, un serviteur (un peu paresseux sûrement) lui rappelle que c'est déjà fait. C'était la note comique du film.
Côté mise en scène, c'est aussi une réussite : de splendides décors, de très beaux costumes que ce soit à Rome ou en Palestine. C'est la première fois qu'un film est tourné en scope.
Les plans larges appuyés par une musique adaptée contribuent à l'aspect grandiose du film.
Une belle réussite.