C'est la deuxième fois que je vois ce film.
Prévenu par le premier visionnage, je n'avais pas la même appréhension. Appréhension ? Oui, le démarrage du film avec un humble paysan algérien, de nos jours, qui rêve d'emmener sa vache – une belle tarentaise avec des yeux en amande – au salon de l'Agriculture à Paris. Lors du premier visionnage, je m'étais dit in petto : "ouh là là, casse-gueule" !
Et en fait, on se prend au jeu. Bien sûr, dès que Fatah, naïf mais aventureux, débarque avec sa vache à Marseille, on se dit : "avec tous les malfaisants qui trainent sur les routes françaises, il va forcément lui arriver des bricoles, à ce brave gars"
Et de fait, il lui en arrive des vertes et des pas mûres mais c'est tout le talent du cinéaste Mohamed Hamidi de se démerder pour que Fatah se tire, avec brio et beaucoup, beaucoup de simplicité, de tous les pièges qui lui sont tendus.
D'ailleurs, si je rembobine un peu le scénario, on a à la base une histoire totalement invraisemblable que je pourrais résumer en forçant, à peine, le trait : "un pauvre paysan algérien, qui a une vache au milieu du désert, est invité à venir au salon d'Agriculture à Paris et comme il n'a aucun moyen, il y va à pied". Mais Hamidi parvient, en construisant son scénario, à apporter des réponses vraisemblables parce que simples. Au début, j'étais très dubitatif et très rapidement, je me suis laissé embarquer par l'histoire à laquelle j'ai fini par croire (non sans une certaine émotion). Bien sûr, il y a des malfaisants, des gens qui cherchent à profiter de la naïveté de Fatah. Mais il finit toujours par se trouver un bon samaritain qui l'aide à remonter la pente. Comme la consternation dans le village algérien à la réception de la photo du bisou, qu'une (belle) lettre va dissiper.
Hamidi a misé sur un rêve humaniste franco-algérien dans lequel les vieilles rancœurs se sont dissoutes.
Bien sûr, Philippe, le chatelain ruiné (Lambert Wilson, tout en finesse) va apporter la solidarité française. Bien sûr, Hassan, le beau-frère (Jamel Debbouze, en rentre-dedans, en Jamel Debbouze, quoi) va apporter la solidarité algérienne pour que le triomphe de Fatah soit le triomphe commun de deux peuples.
Mais n'allons pas si loin, restons-en simplement à la fraîcheur d'une histoire où, finalement, Fatsah Bouyahmed, l'interprète de Fatah, ressemble bigrement à notre Bourvil des débuts.
Et ça, ça fait vraiment du bien !
D'ailleurs, c'est un film qui va rejoindre ma liste des films capraesques …