Un road movie avec Marguerite
Voilà un film que j'ai vu bien des fois avec mes grands parents quand j'étais petit, et dont je n'ai gardé absolument AUCUN souvenir, si ce n'est cette image de Fernandel et de sa vache. C'est vraiment troublant quand j'y repense, même si j'avais pu ne pas aimer, je ne comprends pas qu'il ne m'en reste rien.
Le film est une comédie douce amère. L'humour m'a vraiment touché malgré la discrétion avec laquelle il est employé. Et c'est bien là la force du métrage : être léger à tout prix, et camoufler ainsi la gravité de la situation. Car quand on y repense, les menaces de morts de soldats nazi, il vaudrait mieux ne pas en rire, ni même du fait que certains évadés se fassent prendre par les allemands. Et pourtant on en rit sans honte. Parce qu'il faut savoir rire de tout dans la vie.
Le scénario est typique du road movie, c'est à dire un personnage qui, durant sa quête, rencontre des personnages secondaires hauts en couleur. Des conflits par ci, des moments de calme par là. Ce qui m'a déçu par contre, c'est la fin qui semble laisser le film dans un état inachevé, comme si les aventures avaient pu continuer. Dommage aussi que cette séparation du couple se fasse si tôt, alors que c'était clairement là tout l'intérêt.
La mise en scène m'a mis sur le cul. Quand je pense à Fernandel, je pense aux comédies franchouillardes drôles, mais pas spécialement bien foutues. Un peu comme quand je pense à Jean Lefebvre ou à Louis De Funès. Et pourtant, La vahce et le prisonnier est loin d'être mal foutu. Henri Verneuil en est responsable. Il offre de belles images et des moments d'une sincère poésie au travers d'un montage sobre, calme, réfléchi. Henri n'est pas seulement au service de son scénario, il l'appuie véritablement du mieux qu'il peut, et va donc dans ce sens de la légèreté.
La vache et le prisonnier est donc une comédie française qui se laisse regarder agréablement ; le film comporte quelques petites trouvailles des plus mémorables (les gags du bruitage) mais souffre, hélas, d'une fin qui ne sent pas assez la fin, comme si le réalisateur lui même ne voulait pas terminer son film.